On a tous nos doudous vidéoludiques, vous savez, le genre pelucheux et joyeux, des jeux de notre enfance qui nous ont fait craquer, et qui nous tirent même la petite larme aujourd’hui. Des jeux comme ça, nous en avons tous une chambre bien remplie. Je crois, c’est mon petit doigt qui me le dit, que la vôtre est bien achalandée à ce niveau. Je le crois ferme, même.
Alors attention, je ne parle pas de ces classiques qui ont jalonnés nos jeunes années et qui ont façonnées, à la dure, les joueuses et les joueurs que nous sommes (comme par exemple un Sonic, un Castlevania ou un Zelda…). Non, je parle de ces jeux qui ne paient pas de mine mais qui ont pourtant un charme fou. Ceux-là même, méconnus, qui un jour de pluie, nous ont mis la banane, la pêche et la frite… C’est ce que j’appelle des trésors de pixels… Sur mes étagères, entre un improbable Gex (un gecko bavard et télévore) et un rondouillard Trax (Kirby en mode tank sur Game Boy), il y a cette petite émeraude de pure nostalgie : Wiz’n Liz.
Pour le définir aussi rapidement que notre petit sorcier filant à vive allure, je dirai que ce chouette jeu est une véritable pochette surprise (en plus d’être une émeraude, ça commence à faire beaucoup). Car il y a le jeu, celui qui se joue à un ou à deux, et il y a le jeu dans le jeu, et dans le jeu dans le jeu, il y a une bonne brouette de surprises potagères… Mais fini d’être énigmatique, il est temps pour moi de vous en parler plus en détail.
Wiz’n’Liz – The Frantic Wabbit Wescue (quel sous-titre !) est une production Psygnosienne, développée par les prometteurs programmeurs de Bizarre Creations. En 1993, lorsque le jeu sort sur la Megadrive, on est à la fin de l’ère Amiga coté micro, en plein cœur de la bataille des 16-bit et quelques temps avant l’arrivée de la Playstation, une console sur laquelle Psygnosis va se faire les dents avec WipEout, Destruction Derby ou Formula 1 (ce dernier étant encore développé par Bizarre Creations). Dans ce contexte, Wiz’n’ Liz est un petit jeu de son temps, sans prétention en apparence, le genre qui pourtant transpire le travail bien fait.
Alors bien entendu, Wiz’n’Liz ne brille pas par son pitch d’une simplicité enfantine. Voyez plutôt : sur la drôle de planète Pum, Wiz et Liz sont deux petits sorciers qui voient leur cheptel de wabbits (des lapins par chez nous) éparpillés aux quatre coins du monde (on passera au travers de portes flottantes pour accéder aux différents niveaux). Cette histoire est bien entendu prétexte à un mélange d’action purement arcade, avec un vicieux timer, et de la plate-forme frénétique. Notre petit sorcier barbu, speede grave, (on pourra « swapper » pour incarner Liz, sa sorcière d’épouse, en début de partie) et doit récupérer nos sympathiques wabbits dans un temps limité.
Pour ouvrir la porte de sortie d’un niveau, il faudra récolter à toute berzingue les lettres que libère les lapinous et former le mot désigné comme objectif en haut de l’écran. On pourra également collecter une pagaille d’items : de temps (indispensable car le temps est une denrée rare sur la planète Pum), des étoiles comme monnaie d’échange mais aussi toutes sortes de fruits et de légumes qui ont leur utilité (mais chut… J’en dirai d’avantage plus loin)… Donc un pitch simple pour un concept simple, mais le tout est du genre diablement efficace.
Le jeu est généreux en contenu. Il propose 3 aventures suivant 3 niveaux de niveaux de difficulté, en plus du mode practice : Apprentice (8 niveau, un boss, un temps de départ de 2 minutes), Wizzard (16 niveaux, 2 boss, un temps limité à 1 minute 30) et Sorcerer (32 niveaux, 4 boss, 1 minute pas plus pour commencer). L’ultime mode Super Wizard se débloque si on termine le mode Sorcerer et s’avère être un marathon de tous les niveaux, avec en bundle, tous les boss déjà rencontrés.
Les boss parlons-en. Dans le jeu, il n’y a pas d’ennemis, hormis ces fameux boss qu’on croirait sortis d’une fête d’Halloween bien creepy : de la citrouille à l’horloge volante en passant par la vilaine fleur ou le cobra maléfique. Ces derniers sont particulièrement impressionnants puisqu’ils font quasiment la taille de l’écran !
Cerise sur le chabichou, le mode 2 joueurs est un classique et efficace duel avec écran splitté, et c’est bien à celui qui récoltera l’ensemble de ses lapins et trouvera la porte de sortie (avant l’autre si on reste logique) que reviendra la victoire. Fun, drôle et… rageant pour celui qui perd !
Dans son ensemble, le jeu est prenant car la gestion de ce temps, si précieux, est permanente, et il est soutenue par une réalisation irréprochable : jouabilité au poil, fluidité en toute circonstance, scrolling pouvant être très très rapide (Sonic n’a qu’à bien se tenir) et des graphismes tout plein de détails craquants. Mais ça, c’est le jeu tel qu’on l’entend dans ce qu’il a de plus traditionnel. Or Wiz’n’Liz a bien en son petit cœur palpitant la raison du pourquoi je suis profondément attaché à ce jeu.
Entre chaque niveau, dans une zone faisant office de hub, les légumes récoltés pourront être jetés (par 2) dans une grosse marmite bouillonnante, laquelle se trouve derrière notre maisonnette. Les sortilèges générées, avec une grosse centaine de recettes possibles, permettront de débloquer toutes sortes de bonus : parfois inestimables (précieux gain de temps) mais aussi des zones inédites, des échoppes, des mini-jeux délirants, des easter-eggs foufous… On a même droit à des privates jokes comme celle à une autre production de Psygnosis, en jetant des tomates aux programmeurs : Puggsy… lequel jeu rendra la pareille avec un niveau secret empli de wabbits qu’on pourra zigouiller à volonté ! Pour continuer l’inventaire à la Prévert, on peut même avoir des malus farfelus ou bien méchants ou encore accéder à un sound-test (pour écouter en toute tranquillité les thèmes sautillants de Wiz’n’Liz)…
Alors que donnera le chou-fleur associé à la banane, ou bien le champignon à la poire ? Peut-être que nos lapins vont changer de couleur, ou on pourra jouer à un Arkanoïd à base de wabbits, ou alors gagner plein d’étoiles pour acheter cet onéreux cadeau mystère qui nous fait de l’œil au magasin ? Qui sait avant d’avoir essayé ? In fine, jouer ne sera pas forcément d’avancer tout droit vers le prochain boss, mais de glaner un maximum de fruits et de légumes pour tester toutes les combinaisons possibles. Dresser un livre de recette avec un bon vieux crayon n’est d’ailleurs pas une mauvaise idée pour progresser en toute sérénité.
Pour conclure, je reviens une dernière fois sur les musiques de Wiz’n’ Liz. Oui, oh que oui ! Elles sont merveilleuses, rythmées, calées sur la vitesse supra-luminique de nos petits sorciers et pleines de « noisettes » et de « titilles » sonores (désolé, impossible de mettre un nom différents à ces bip bip Megadrivesques). Une partition marquante, qui résonne encore aujourd’hui à mes petites oreilles.
La magie de ce titre ne tient pas forcément à son essence, aussi bonne soit la course de vitesse, mais à une suite de petites surprises qui mises bout à bout, mettent une bonne grosse patate (et un ananas, un !). Un jeu MEGA-Force à n’en pas douter, comme il en existe plein d’autres sur nos étagères… La suite au prochain numéro !