Ys book I&II est sort le 21 décembre 1989 et Falcom – célèbre pour avoir occupé la scène Japonaise PC à la fin des années 80 et être un pionnier du jeu vidéo sur l’archipel – offre à la PCEngine-CD un titre dense et inoubliable. Le jeu se construit autour de la fusion des 2 premiers épisodes inspirés de la légende Bretonne de la ville d’Ys.
Ys I : Ancient YS Vanished sort le 21 Juin 1987 entre autres sur MSX, les machines NEC PC 88, PC98 et la gamme Fujitsu de micro-ordinateur (la série FM). Approximativement 1 an et demi donc après Zelda 1 à qui on le compare parfois du fait de sa vue de dessus. Mais en réalité l’Adn de Ys, Falcom ne la doit pas à Zelda mais à un jeu bien plus ancien, répondant au nom de Dragon Slayer. Ce fameux Dragon Slayer est un Action-RPG également réalisé par Falcom sorti également sur les PC japonais de son époque, mais le 10 septembre 1984 ! Ce titre propose également un gameplay en vue du dessus. Il est fort probable qu’il fut même l’une des sources d’inspiration de Zelda 1 et du 1ier Dragon Quest.
Après cette brève contextualisation historique, il est temps de revenir à notre sujet, à savoir cette édition Ys Book I&II. Un titre ô combien majeur de la PC engine-CD et qui a eu la chance de quitter l’archipel et de s’offrir une adaptation Turbograph CD (la version américaine de la PC Engine) et donc une traduction anglaise. Si Ys a vu le jour en Europe sur Master System, cette version sur la console de NEC dispose d’une réalisation un peu plus fine et d’une qualité musicale hautement supérieure. Nous sommes en 1989 et rien que l’introduction et le thème d’Adol qui l’accompagne avaient de quoi marquer les esprits. Ys II: Ancient Ys Vanished – The Final Chapter sort quand à lui le 24 juin 1988 également sur les divers PC Japonais de l’époque.
La structure
Ys Book est logiquement construit en 2 parties bien distinctes à savoir le premier Ys et le second. Les deux jeux se suivent narrativement et s’enchaînent l’un après l’autre. On y conserve une progression des niveaux du 1 vers le 2. Ce diptyque est donc, comme évoqué plus haut, en vue de dessus et se structure en plusieurs environnements collés les uns aux autres. Il ne dispose donc pas d’overworld (carte du monde) à proprement parler. Dans le 1, qui se passe dans les contrées d’Esteria, on déambule à travers des villages raccordés entre eux par des environnements classiques de types landes, forêts, grottes, montagnes et vestiges architecturaux en tous genres. La progression est agréable et le scénario classique est dans le ton de son époque. La récupération d’équipement et d’éléments-clefs pour avancer constitue les prétextes majeurs à l’aventure.
On y incarne ainsi Adol Christin, chevalier aux cheveux rouges qui se doit de venir en aide aux gens vivants là. Pour se faire, il doit retrouver les 6 livres sacrés de Ys. Ces reliques contenant le secret de la cité d’ Ys seront indispensables à l’éradication du malin tapi dans les ténèbres. Une fois cette première quête accomplit, les événements se soldent par l’apparition d’une cité céleste qui reprend son envol après être restée des siècles en dormance. La mythique cité de Ys est donc bel et bien de retour et prend les traits d’une cité volante. Eh oui ! Nous sommes à la fin des années 80 et le film de hayao Miyazaki Laputa, Le château dans le ciel a fait des émules. La cité est comme vous vous en doutez, le théâtre du second volet. Globalement le 2e opus se structure comme le premier et vous fera déambuler dans divers lieux afin de réveiller d’anciennes divinités qui vous prêterons main forte pour venir définitivement à bout de la menace qui pèse sur le monde.
Une jouabilité indémodable
Si Ys dispose d’une trame classique et que l’ambiance musicale sur laquelle nous reviendrons plus bas, joue un rôle prédominant dans l’atmosphère du titre, le jeu tire aussi sa force d’un Gameplay simple mais diablement efficace. Tout se joue uniquement à la croix directionnelle et le rapport de résistance aux ennemis et à la capacité qu’a Adol de frapper, repose sur le niveau du personnage, sur l’équipement et sur la façon de toucher les ennemis. Ici pas de bouton d’attaque, il suffit d’entrer en collision avec l’opposant pour lui faire des dégâts. Cependant attention à ne pas foncer tête baissée, car les multiples monstres peuplant les environnements du jeu sauront eux aussi vous tuer en quelques secondes si vous tentez une approche trop frontale.
Tout réside donc dans la manière d’avancer et de reculer et aller au contact avec parcimonie. Si de prime abord ce système semble désuet, ce n’est en réalité pas le cas du tout. Le principe est en fait très efficace et on se prend au jeu assez rapidement. J’ajouterai même que cette mécanique de jeu reste assez intemporelle et pertinente surtout à l’ère des jeux mobiles (qui n’ont finalement rien inventé) simplifiant à l’extrême leurs systèmes, afin de répondre à des supports limités dans leur jouabilité. Quelques magies viendront également renforcer vos possibilités d’actions.
Un level-design pointu
L’autre point fort du titre, c’est le level-design des environnements et des lieux à explorer. Loin de la plaine de base ou du couloir accompagné de quelques embranchements cachant des coffres, Ys Book I&II est un véritable dédale labyrinthique, dans lequel vous vous perdrez assurément, si vous ne partez pas avec une carte trouvable dans divers guides ou si, pour les plus courageux, vous ne la tracez pas vous-même avec le bon vieux duo papier-crayon, au fur et à mesure de votre progression. Si la partie 1 est relativement faisable (bien que la dernière tour soit bien velue), la partie 2 est vraiment ardue. Mais quel plaisir de retrouver ce genre de challenge trop rare dans les productions actuelles. D’autant que le Gamedesign est conçu de manière à ce que les niveaux d’Adol (allant jusqu’à 50) montent pendant ces longues phases d’exploration de manière régulière et sans demander trop de leveling.
L’aspect visuel et musical
Techniquement cette version Ys Book 1&2 offre à ces 2 titres un superbe lifting. Les sprites sont bien plus fins, et les personnages s’intégrant en superposition comme dans des cases de bande dessinée lors des dialogues, sont élégants. Accompagnée parfois de voix digitalisées, l’ambiance animé japonais est omniprésente. Le défilement lors des déplacements est fluide et les environnements sont colorés et variés. Quelques ambiances de couleur sont même assez immersives notamment vers la fin de la partie 1 avec un passage super élégant au clair de lune. Encore une fois, à l’époque des jeux indé surfant sur la vague rétro Nes et pixel Art, Ysbook I&II du haut de ses 30 ans passés se défend toujours très bien.
Les divers passages animés dans l’esprit PC-Engine, apportent un charme indéniable au jeu. L’autre grande force de ce Ys réside dans sa bande-son. Celle-ci fut composée pour les versions originales PC par le compositeur culte Yuzo Koshiro (Street of Rage, Arctraiser, Shenmue…). Ys fut le premier ouvrage de l’artiste pour le jeu vidéo. Ayant quitté assez tôt Falcom pour fonder son label, les musiques de cette version PCengine-CD seront réadaptées pour profiter de la qualité offerte par le support. Adaptées avec brio, tout en gardant l’essence musicale intacte ce qui offre une aura unique à l’aventure.
Dès les premières notes du thème illustrant l’élégante cinématique d’introduction animée et son ciel orageux et menaçant, le charme opère et crée un impact fort, surtout pour un jeu de 1989. La seconde partie de l’intro du jeu dévoilant le thème de Adol avec son superbe solo de guitare bien amené, renforce ce sentiment et hisse instantanément Ys Book I&II comme un incontournable de la PC Engine. Le reste de la bande-son est tout aussi intéressant, immersif et rappel par moments les heures atypiques de la musique électro japonaise au point que les connaisseurs y verront même planer l’ombre du Yellow Magic Orchestra.