Quand en 1993, on insérait dans le lecteur de la PC Engine (et le Mega CD, 2 ans plus tard) la galette de Lords of Thunder, alors que la norme de la musique de jeu vidéo était encore aux sonorités des consoles à cartouches, la claque était phénoménale. Encore aujourd’hui, ce qui envahit nos oreilles et défile devant nos yeux dès l’écran titre, c’est une déferlante de lignes de basse et de riff de guitare venant ponctuer une introduction en plans animés comme la PC Engine savait si bien le faire. Un ciel orageux, un univers héroic-fantasy porté par un chara-design atypique dans la pure tradition japonaise des années 90 : un chevalier engoncé dans une armure mastoc partant sauver une belle princesse en détresse… Le contexte est posé pour l’un des meilleurs shoot’em up de l’histoire. Explications…

Quelques visuels de l’introduction animée made in PC-engine
Une bande-son furieuse
Lords of Thunder ou Winds of Thunder de son titre original japonais, est un shoot à scrolling horizontal créé par Red Company et édité par Hudson Soft. Il est le second opus du diptyque « Thunder » initié avec Gates of Thunder en 1992 également sur Pc Engine CD. C’est aussi pour son époque, comme évoqué plus haut, une des bandes-son les plus tonitruantes de l’histoire du jeu vidéo. Une véritable avalanche sonore provoquée par un combo guitare, basse, batterie pour un score très heavy-metal enflammant littéralement les supports CD de Nec et Sega. Viennent s’ajouter à ça des bruitages efficaces et totalement immersifs ainsi que des voix digitalisées très Shonen dans les intonations. Y jouer au casque procure une expérience puissante et hypnotique.

Les décors sont riches variés et le jeu offre quelques effets de 3D comme avec ce boss fait de polygones translucides.
Un shoot aux mécaniques uniques
Mais ce shoot de l’illustre Red company (Sakura Taisen, Tengai Makyo) n’est pas qu’une bande sonore, c’est aussi un système reposant sur un game-design vraiment particulier et très original. Ce qui caractéristique le titre, c’est que ce n’est pas un simple Shoot’em up classique, mais un jeu qui mêle les genres et embarque dans son architecture des éléments de RPG. Dès l’écran de départ vous pourrez choisir entre 4 armures, avec chacune des options de tirs différents. Ces 4 suppliques ont toutes un lien avec un élément différent : Feu, Foudre, Terre, Glace. Non content de ce panel d’équipement, toujours dans l’esprit RPG, le jeu dispose d’une carte du monde ! Cette dernière est découpée en différents continents ayant eux aussi pour chacun une thématique élémentaire. Rapidement on comprend que pour venir à bout plus facilement de ces diverses contrées à explorer, le bon choix d’armure sera capital ou en tout cas, un véritable plus. De plus la liberté est laissée au joueur de choisir l’ordre dans lequel il veut parcourir ces différents stages. Pour finir, comme dans tout bon RPG, le titre offre la possibilité d’évoluer son équipement grâce à l’achat chez une marchande de boucliers, bombes et autres équipements. Ces items et bonus peuvent être achetés à chaque fin de chapitre grâce à l’argent récupéré dans les 7 stages que vous aurez à traverser. Pour finir, les niveaux sont denses, ils proposent des phases variées avec des passages en avant mais aussi à l’envers ainsi que quelques tunnels verticaux bien amenés et toujours lisibles. Les boss ainsi que les ennemis disposent de patterns au millimètre et sont eux aussi vraiment bien lisibles. Le personnage (un chevalier volant) bouge très bien et la réactivité est possible même dans certains moments critiques. Le jeu bien qu’exigeant, n’est pas enclavé dans une totale approche die n retry et laisse d’ailleurs une marge de manœuvre assez appréciable. De plus le fait de pouvoir choisir l’ordre des stages permet à l’apprentissage du jeu d’être varié et non répétitif.

La carte des stages, les armures à choisir et la fameuse marchande.
Une réalisation superbe
Techniquement, pour son époque, c’est du très haut niveau. Les sprites des boss et des ennemis sont énormes, les environnements sont colorés fins et très détaillés. Red Company avait déjà prouvé sur PC Engine dès 1992 avec Tengai Makyo II, tout son savoir-faire artistique en matière de pixel-art et le réaffirme de manière solennelle avec Lords of Thunder l’année suivante. Le jeu est magnifique, regorge d’effets superbes, d’explosions qui font tout l’écran. L’expérience globale reste fluide à chaque instant et toujours très jouable. Les multiples ennemis sont tous animés avec un grand souci de détail pour un shoot 2D de cette époque-là et certaines de leurs attaques sont encore impressionnantes aujourd’hui sous peu qu’on soit sensible au rendu pixel-art. Lords of Thunder reste encore aujourd’hui – en plus d’être dans le très haut du panier des jeux 2D de la génération 8-16bit – un titre très impressionnant et bourré d’effets visuels épatant pour de la PC-engine.

L’illustration de couverture signée Masamune Shiro