Premier volet de la quadrilogie de RPG bien célèbre de Sega, Phantasy Star sort sur Sega Mark 3 (La Master System japonaise) le 20 décembre 1987. Un peu comme une réponse à Nintendo et Enix après le succès de Dragon Quest sorti 1 an avant sur Famicom (la Nes japonaise). En 1992, Sega le ressortira sur Megadrive, et en fera par la suite de nombreux remakes plus ou moins réussis. Développé par Sega CS, le jeu a pour programmeur principal Yuji Naka, qui officiera sur Sonic the hedgehog quelques années plus tard ainsi que Rieko Kodama au porte de directrice artistique. Et autant dire qu’elle met en place le RPG 8 bit le plus ambitieux de sa génération.

Alis, l’une des premières héroïnes de jeu vidéo.
Visuellement en avance sur la concurrence
Pour un RPG arrivé au Japon fin 1987, le moins que l’on puisse dire est qu’il tire toute la puissance de son support, puisque techniquement il est bien au-dessus de n’importe quelle production équivalente sur Nintendo-NES et n’a pas à courber l’échine devant des jeux comme Dragon Quest V ou FInal Fantasy IV qui arriveront des années plus tard et surtout qui tournent sur la génération d’après : la 16 bit ! Magnifique, coloré et très détaillé dans ses cartes, le jeu est bourré d’idées intéressantes, comme ses labyrinthiques donjons à explorer dans une fausse vue 3D. Celle-ci simule une perspective inspirée de Akalabeth: World of Doom, mais en beaucoup plus élaborée.
Les cadrages sont variés, entre les plans fixes à la manière de cases de BD pour les scènes clefs et les plans en pied des personnages durant les dialogues. La carte à explorer est fine et les sprites sont riches en couleur. Les environnements sont variés et Phantasy Star ne propose pas uniquement l’exploration d’une planète mais invite le joueur à partir dans l’espace. Le jeu propose d’explorer le système solaire de Agol et ses 3 planètes habitables. Sur chaque planète, le scénario demande à plusieurs reprises de vous rendre dans un Aérogare spatiale pour prendre une navette et ainsi voyager dans l’espace. Pour l’époque c’est vraiment quelque chose d’ambitieux et d’impressionnant.

Les voyages spatiaux dans Phantasy Star
Un jeu qui se démarque
Le contexte narratif du jeu est, à la manière d’un Star Wars, à la lisière entre science-fiction et fantaisie. Le système d’Algol se structure autour d’une royauté et d’un système religieux établis, tandis que l’humanité est technologiquement très avancée. Autre élément qui se démarque de pas mal de RPG de cette époque, on incarne une femme : Alis. Cette dernière, à la mort de son frère va se lancer dans une quête qui l’amènera à créer des liens avec différents protagonistes et à repousser le mal qui s’est instillé au sein du pouvoir. Dans Phantasy Star, on retrouve tous les éléments propres aux RPG comme les magies, les items, les équipements et bien sûr un système de combat aléatoire au tour par tour. Les affrontements sont en vue à la première personne et fonctionnent de manière classique, avec une interface rapide, claire et un bestiaire varié.
Très difficile, l’aventure demandera un certain nombre d’heures pour monter en niveaux (la norme de l’époque) afin d’en voir le bout, d’autant que les donjons sont extrêmement exigeants. Plus vous avancez dans l’histoire, plus ils sont complexes et bourrés de pièges. Si vous jouez à la version originale du jeu, il est fortement conseillé de se munir de cartes sans quoi votre expérience pourra vite tourner au cauchemar (l’édition Sega Ages de la Switch dont je parle plus bas propose une superbe alternative à la difficulté générale du jeu ). Pour finir, ce RPG offre aussi la possibilité de piloter divers véhicules qui pour certains seront même indispensables pour progresser dans le jeu.
Musicalement, le titre s’en sort bien et les thèmes emblématiques ne manquent pas. Profitant de ce que de la qualité FM propre à la Sega Mark III savait faire, le résultat de la version japonaise est supérieur à notre version occidentale. Cependant avec la superbe édition Switch : Sega Ages – Phantasy Star développée par M2, nous avons enfin la possibilité de profiter du jeu avec sa bande-son originale.

Les villes et les échoppes ont bénéficié d’un traitement visuel très soigné pour 1987

Les combats et leurs arrières plans très détaillés
La version définitive SEGA AGES de la Nintendo Switch
Il est important de consacrer quelques lignes à cette superbe édition de Sega Ages – Phantasy Star car M2 a encore frappé avec un portage de qualité sur un jeu rétro ! Cette version Switch est la version que l’on peut qualifier de définitive. Le jeu d’origine se voit affublé d’un lifting d’interface, avec sur la gauche, un encadré où le soft d’époque tourne à la perfection ; sur la droite, un menu avec les jauges des personnages en haut, et en bas un espace réservé aux cartes des diaboliques donjons ayant traumatisé tant de joueurs pendant des décennies.
Ces cartes se mettent à jour en temps réel suivant votre progression et permettent de garder une trace de ce que vous avez exploré. Et c’est vraiment génial ! Plusieurs modes sont proposés également : pour le son, avec la possibilité de choisir entre le son FM de la Master System ou la version classique. La difficulté, avec le gain d’expérience et d’argent est multiplié par 4 et pour les déplacements, s’ajoute une option pour courir plus vite. Il est également possible de faire le jeu sans aucun de ces artifices, à l’ancienne pour les courageux qui aiment souffrir et faire du level. Peu importe votre école, il est maintenant possible de découvrir ce RPG pionnier du genre dans les plus agréables conditions.

La carte des donjons se dessine au fur et à mesure qu’on explore dans la version Switch Sega Ages

Le menu ajouté par M2 offre une visibilité permanente du groupe en haut à droite.