Il y a quelques semaines seulement, l’annonce par l’éditeur Bethesda de l’existence d’un projet vidéoludique autour de la prestigieuse licence Indiana Jones surprenait tout le monde. Il faut dire que cela faisait plus de dix ans que notre archéologue favori n’avait plus pointé le bout de son nez sur nos machines de jeu. En attendant de constater les dégâts ou bien de nous réjouir devant la qualité de ce prochain titre, faisons le point sur les jeux sortis jusqu’à maintenant.
On reproche souvent aux jeux sous licence de faire des économies sur le plan du développement pour compenser le prestigieux investissement. Indiana Jones a-t-il été épargné par ce phénomène ? Toujours est-il qu’il y a deux titres qui se démarquent clairement de tous leurs petits camarades. Le premier est un jeu d’aventure point & clic qui révèlera le talent dans ce domaine d’un certain LucasArts. L’autre est un jeu d’action/aventure qui participera au succès de la Super Nintendo. Hélas, les consoles SEGA qui font battre le cœur nostalgique de la team MegaForce ne seront pas gâtées avec cette licence : seulement deux titres assez oubliables verront le jour sur Megadrive, GameGear et Master System dont une exclusivité.
Je n’en dis pas plus et vous laisse découvrir tous ces jeux à travers mes petits résumés de présentation.
Raiders of the Lost Ark (1982) – Atari 2600

Pour seule interface, la liste des objets en possession du joueur en bas de l’écran.
Peu après la sortie du premier film de la saga intitulé “Les Aventuriers de l’arche perdue”, Indiana Jones s’invitait déjà sur console de salon. Il se payait le luxe d’être l’un des tous premiers jeux d’aventure sur ce type de support. Bien sûr, il fallait avoir de l’imagination car il y a quarante ans, les graphismes étaient rudimentaires, ce qui rebutera probablement nombre de joueurs contemporains. La progression se faisait écran par écran. Le titre tentait à sa manière de reproduire la plupart des grandes scènes du film. Il nous emmenait notamment au souk, dans les montagnes et finissait par la découverte de l’Arche d’alliance. On trouvait différents accessoires (fouet, grenade, revolver …) nécessaires à la progression du jeu.
Indiana Jones and the Temple of Doom (1987) – Multi-plateforme

Comme souvent à l’époque, la version Arcade du jeu est plus avenante graphiquement.
Changement complet de style pour l’adaptation en jeu vidéo du second film de la saga “Indiana Jones et le Temple maudit”. Ici, on a affaire à un titre d’action/plate-forme essayant, lui aussi, d’être fidèle au long-métrage auquel il se réfère puisque l’objectif était de libérer les enfants esclaves des griffes du culte de Thuggee. Il est sorti sur nombre de machines de l’époque (NES, Atari ST, Commodore 64, ZX Spectrum …) mais de qualité variable selon le support. Le jeu se distinguait par la numérisation des voix de certains acteurs du film dont celle d’Harrison Ford, bien entendu. Le jeu s’avérait court : seulement trois niveaux qu’on pouvait cependant refaire avec une difficulté différente. Chacun correspondait à un grand moment du film et avait heureusement le bon goût de proposer son propre gameplay, à l’image de la course poursuite en wagon.
Indiana Jones and the Last Crusade : The Graphic Adventure (1989) – PC, Amiga, Atari ST et Mac

On n’a certainement pas oublié d’inclure la fameuse scène de la bibliothèque.
Retour au jeu d’aventure de type point & clic pour le troisième épisode de la saga réalisé, cette fois, par le légendaire studio LucasArts. Le jeu mise sur la qualité de ses énigmes et la bonne humeur présente dans ses dialogues, ceux-ci ayant une influence sur le déroulement de l’aventure. Il préfigurera nombre d’œuvres majeures réalisées par la suite par ce studio. Le gameplay du jeu est basé sur ses commandes verbales (pousser, ouvrir, marcher, utiliser …) permettant au joueur d’interagir avec l’environnement. Prenez garde car de nombreuses scènes d’action plutôt ardues venaient ponctuer votre balade (combats, poursuite en avion …). On pouvait lui reprocher son côté « clic au pixel près » plutôt frustrant autant dans les phases d’exploration que d’action. Néanmoins, là encore, la fidélité au long-métrage était plus que jamais une priorité.
Indiana Jones and the Last Crusade: The Action Game (1989) – Multi-plateforme

Il faudra plus souvent se servir de ses poings que de sa tête dans cette vision de la dernière croisade d’Indy.
Dans la foulée du jeu d’aventure, LucasArts éditera une adaptation plus orientée action du même film. Il ne sera d’ailleurs pas le seul à le distribuer, selon la période et les machines sur lesquelles il sera porté. S’il sort pour la première fois en 1989 sur différentes machines de l’époque, il continuera d’être développé sur la génération suivante : en 1992 sur Megadrive et jusqu’en 1994 sur Gameboy. Il fera d’ailleurs partie des deux seuls titres de la licence à s’afficher sur des consoles Sega. Il ne bénéficiera hélas pas de la même aura que son homologue à cause de son manque d’ambition, de sa maniabilité désagréable et de sa difficulté cauchemardesque.
Indiana Jones and the Last Crusade (1991) – NES
L’éditeur Taïto proposa sa propre itération de « Indiana Jones et la dernière croisade » en jeu vidéo, celle-ci exclusive à la NES. À savoir qu’une version très différente de ce jeu, orientée action pure, sera également éditée plus tard par UbiSoft. Le titre de Taïto alternait les phases d’action classiques avec d’autres phases d’exploration et de puzzles. Entre chaque niveau, il était même possible d’influencer la suite des évènements à l’aide de choix multiples, à la manière d’un livre-jeu. Encore une adaptation qui suivait le scénario du film et s’appliquait à faire apparaitre le visage des acteurs à l’écran pour renforcer le côté cinématographique de l’œuvre. Ici, à travers de simples images bitmap.
The Young Indiana Jones Chronicles (1992) – NES

il n’y a pas de quoi fouetter un chat.
La NES accueillit également ce titre développé à partir du spin-off télévisé du même nom. Il s’agit d’un jeu de plate-forme/action très (trop ?) basique et peu séduisant avec défilement de l’affichage selon la technique du scrolling horizontal. On y parcourait les différents tableaux en ramassant des armes pour se défendre. Si l’ennemi parvenait à toucher le personnage, il perdait celle-ci et devait se contenter de se battre à l’aide de ses poings. S’il était touché à nouveau, c’était la mort assurée. À la fin de chaque niveau, il fallait vaincre un boss. CQFD.
Indiana Jones and the Fate of Atlantis (1992) – PC, Atari ST, Amiga, Wii, Mac

Les décors étaient particulièrement réussis. Les coûteux ordinateurs de l’époque n’étaient probablement pas étrangers à cette qualité d’affichage.
Suite à l’enthousiasme suscité par » Indiana Jones and the Last Crusade : The Graphic Adventure « , LucasArts rempile avec le jeu d’aventure point & clic dans ce titre encore plus réussi que le premier, selon les critiques qui le désigneront souvent comme le meilleur de l’année dans sa catégorie. L’éditeur commence peu à peu à se construire une vraie réputation dans le domaine. C’est aussi le premier jeu Indiana Jones à s’émanciper du scénario des films afin de révéler la créativité de ses développeurs en terme de narration. L’intrigue tournait autour de la découverte de l’Atlantide, comme on pouvait s’en douter. Toujours au menu : de l’humour, des énigmes, de l’exploration, le tout très inspiré. Pour les joueurs allergiques au pointeur de souris, on retrouvait à nouveau une version appelée « The Action Game » qui, comme son nom l’indique, proposait un gameplay typé action (cette fois, en vue isométrique). Dans l’ensemble, elle s’avérait meilleure que celle développée pour la dernière croisade.
Instruments of Chaos Starring Young Indiana Jones (1994) – Megadrive

Malheureusement, les consoles Sega ne connaitront jamais les meilleurs épisodes de la licence.
Comme la NES avant elle, la Megadrive a eu droit à sa propre exclusivité basée sur la licence Indiana Jones. Le jeu était, lui aussi, orienté action et dérivé de la série télévisée « Les Aventures du jeune Indiana Jones ». Mais il ne fit pas mieux que l’épisode NES si ce n’est au niveau graphique et sonore, des aspects s’avérant plutôt réussis. En fait, c’était au niveau de la maniabilité et de la difficulté, toutes deux rebutantes, que le titre se distinguait de bien mauvaise façon. Et comme, dans son ensemble, le jeu ne cassait pas des briques, il fut difficile de convaincre les joueurs de surmonter ses principaux défauts.
Indiana Jones’ Greatest Adventures (1995) – Super Nintendo

Une version très bien accueillie par la critique.
Au grand dam de Sega, c’est la Super Nintendo qui accueillit un des épisodes les plus réussis de la saga en jeux vidéo. Il s’évertuait à retracer les aventures d’Indiana Jones à travers tous les films de la trilogie. Il a fallu cependant faire des choix car l’espace contenu dans une même cartouche n’était pas extensible. Cela dit, la durée de vie s’avérait tout de même importante et il y avait une belle variété dans l’expérience de jeu et les environnements. Une fois n’est pas coutume dans un jeu d’action/aventure de la licence, la difficulté était plutôt bien dosée pour l’époque. De manière générale, le titre avait cette force de ne pas avoir de gros défauts ce qui permettait aux joueurs de passer un bon moment en attendant d’insérer de nouveau les VHS dans leur magnétoscope.
Indiana Jones et la Machine infernale (1999) – PC – GBC – N64

A l’époque, les polygones en 3D osaient se montrer à nu sans tabou … ni filtre graphique.
Devant le succès insolent de Core Design avec les aventures de sa célèbre héroïne Lara Croft s’inspirant peu ou prou des films de notre archéologue favori, il fallait bien que LucasArts, détenteur des droits de la licence Indiana Jones réagisse. Ce qu’il fera en imitant lui-même la formule Tomb Raider. La lutte contre le nazi est remplacée par celle contre le soviétique, l’histoire se déroulant au début de la guerre froide. Le jeu s’avèrera être l’archétype du jeu moyen, alternant à la fois expérience de jeu intéressante et frustrante. La seconde moitié des années 90 est une période assez particulière dans le monde du jeu vidéo. Elle marque l’apparition des premiers jeux en full 3D. Reconnaissons aujourd’hui que la technologie en était à ses balbutiements, autant au niveau de la qualité graphique pour le moins douteuse qu’à celui du gameplay très rigide. Étrangement, ce titre d’action/aventure est surtout connu chez nous sur PC, la version Playstation ayant été annulée et celle de la Nintendo 64 jamais éditée sur le vieux continent.
Indiana Jones et le Tombeau de L’Empereur (2003) – PC – PS2 – XBOX

Certaines séquences de jeu différentes nous donnent un peu moins l’impression de jouer à un Tomb Raider déguisé.
Dans la droite lignée du précédent jeu, les développeurs améliorent un peu la formule sans la révolutionner. A l’image de son modèle Lara Croft, Indy enrichit sa panoplie de mouvements. Côté scénario, on retourne dans les années 40 alors que les nazis s’intéressent à une relique enfouie à Xian dans le tombeau de l’empereur chinois Qin durant l’antiquité. Le titre compte plus sur la restitution de l’ambiance des films, avec notamment sa bande-son soignée, que sur le déroulement de ses péripéties peu inspiré et son gameplay toujours perfectible, surtout si vous avez le malheur de jouer au clavier/souris sur PC. A souligner que les versions consoles de salon seront enfin présentes.
LEGO Indiana Jones (2008 / 2009) – multi-plateforme

Voyage sur dos d’éléphant jusqu’au palais de Pankot.
Durant onze longues années, le développeur Traveller’s Tales a exploité jusqu’à la moelle de nombreuses licences issues de la culture populaire à travers ses jeux LEGO. Parfois même plusieurs fois chacune, comme ici pour Indiana Jones qui connaitra deux épisodes d’une année sur l’autre. Le principe était toujours le même : coopérer avec un autre joueur et traverser des niveaux en tuant des adversaires, en cassant les décors de briques, ce qui permettait de révéler des énigmes pour avancer ou trouver des objets cachés. Bien entendu, les fans des licences en question avaient droit à leurs lots de clins d’œil parfois astucieux et surtout drôles. L’occasion de retrouver les films de manière amusante à condition de jouer en duo, de préférence avec un enfant, car seul ces jeux ne sont pas très amusants.
Indiana Jones et le sceptre des rois (2009) – DS, Wii, PS2, PSP

Indy n’a pas l’air content de faire partie du casting de ce jeu.
Le dernier épisode que je vous propose revient à l’action/aventure, un genre qui lui va comme un gant mais que les développeurs ne prennent pas la peine d’exploiter dignement dans la plupart des jeux de la licence. Le scénario du présent titre fait suite aux évènements du troisième film sans parvenir à quelque chose de très crédible. L’expérience de jeu s’avère finalement trop banale pour convaincre d’autant que le choix de le décliner sur les consoles les plus modestes du marché sans même leur faire honneur techniquement le reléguera rapidement dans les tréfonds oubliés de votre ludothèque.