Depuis les chasses du comte Zaroff, le concept narratif de chasse à l’homme est un classique du cinéma, et quand c’est un monstre indestructible qui traque une jolie princesse armée jusqu’aux dents, c’est encore plus efficace. C’est ce qu’ont illustré les films Aliens et Terminator avec brio. Ce concept, Capcom l’amena dans le monde du jeu vidéo avec Resident Evil 3 Nemesis. Et ce remake, dans un souci d’hommage, placarde les fausses affiches des films précédemment cités dès le début du jeu, annonçant le ton. Ainsi Nemesis, le T800 de Capcom qui ne meurt jamais et est programmé pour tuer la belle Jill Valentine, ne vous lâchera jamais de toute l’aventure ! Aventure rythmée mais véritablement trop courte.

Les influences du jeu ne font aucun doute
Le cauchemar continue
Fortement éprouvée après les événements de Resident Evil 1, Jill Valentine cauchemarde et ne vit plus que dans la hantise de ce virus qui transforme les morts en non morts. C’est à Racoon City que la membre du S.T.A.R.S enquête sur les exactions d’UMBRELLA, cette compagnie utilisant le médical à des fins militaires. Cet épisode 3 se passe quasiment aux mêmes moments que ce qui se déroule dans l’épisode 2. En réalité nous assistons à la chute de l’agglomération quelques heures avant que Léon et Claire ne se rendent dans ce lieu de tourments. Quelques minutes après le réveil de notre héroïne, débarque le Nemesis. La fameuse créature qui traumatisa bon nombre de joueurs de l’époque PS1 est de retour avec une seule prérogative : Tuer les membres du S.T.A.R.S.

La belle et la bête
Une refonte de gameplay atténuant le danger
Fort d’une refonte percutante du gameplay en quelque chose de plus survival-action, dans l’esprit de l’épisode 4 et dont le remake du 2 avait déjà pris la voie, Résident Evil 3 se greffe donc aux événements du 2, tout en amenant un jeu plus brutal que son aîné, un jeu sans temps mort et offrant sa bonne dose de stress, de moments sur la corde et de jump scare. Grâce à un rythme bien calibré, alternant quelques pans légers d’exploration, pas mal d’action et des combats de boss intenses, cette nouvelle vision du jeu de 1999 se veut résolument grand spectacle. Cependant, si le jeu d’époque avait marqué pour la terreur inspirée par le monstre voulant vous tuer à tout prix, il faut bien avouer que dans cette nouvelle version il ne fait plus aussi peur. Et pour cause, il est beaucoup moins dangereux. À cela, il y a 2 raisons, la première est que le gameplay rigide d’époque laisse sa place à quelque chose de plus souple ou l’esquive fonctionne bien plus instinctivement. De plus la caméra est intégralement gérée par le joueur, ce qui rend le tout bien plus lisible puisqu’on ne dépend plus d’un angle imposé et de ses changements de décors aux transitions parfois peu intuitives.
La seconde raison est que Capcom a succombé au charme de la cinématique grand spectacle et que le Nemesis s’illustre presque plus dans des séquences vidéo où il tabasse la pauvre Jill et casse des murs, que dans des phases de jeux de longue haleine mettant en danger réellement le joueur. Alors moins dangereux oui, mais les affrontements clés contre lui, distillés tout au long de l’aventure, restent des passages intenses à la réalisation travaillée et très sympa à jouer.
Le RE Engine fait des merveilles
Graphiquement, le RE Engine fait des merveilles et les environnements sont superbement mis en valeur par des éclairages toujours bien placés. L’ambiance sonore est très bonne et le doublage anglais est de bien meilleur facture que sur le jeu d’origine. Le doublage français n’est pas en reste avec des doubleurs convaincants. La bande-son est efficace et on retrouve avec plaisir le thème des chambres de sauvegarde très réussi. Resident evil 3 versions PS4/One est un remake dans le vrai sens du terme, puisque le jeu a été encore plus remanié que le précédent, au point que l’on pourrait presque dire que ce n’est plus le même jeu. Si les éléments cruciaux tels que la ville et le Nemesis sont repris, pas mal de choses sont bouleversés, transformés ou remplacés. Le beffroi et le parc disparaissent, l’hôpital et le commissariat sont modifiés, diverses scènes fortes du jeu changent de place dans la timeline, de nouveaux boss font leur apparition telle qu’une forme beaucoup plus bestiale du Nemesis. Les passages jouables avec Carlos, le second personnage sont également repensés… D’un point de vue de la progression, on retrouve l’évolution graduelle des armes ainsi que la gestion du menu et des munitions. On fabrique herbes et balles tout en essayant au mieux de choisir entre l’esquive des zombies allant à l’économie ou la sécurité qu’offre le nettoyage des divers lieux.
Grisant mais trop court
Si ces modifications peuvent se justifier et que dans ce qu’il propose, le jeu est de qualité, on ne peut que déplorer la durée de vie. Même si il n’est pas question de peser le contenu d’une œuvre au kilo, sans forcer, en prenant le temps de vraiment explorer, l’aventure se plie en 6h maximum, 7 si vous traînez vraiment. Déjà à l’époque on pouvait reprocher à ce Resident 3 d’être avare comparé au précédent opus et ses 2 scénarios. Et bien pour cette mouture de 2020, c’est pareil voire même pire. Il était pourtant possible d’imaginer repenser le parc ou le beffroi ainsi que le combat contre Nikolai en hélicoptère et de les intégrer dans la campagne. Mais non, Capcom a préféré mettre en chantier un mode Online vendu avec le jeu baptisé Resistance (Contenu non pris en compte dans ce test). Est cela qu’attendaient les fans ? Chacun aura sa vision ou sa réponse à la question. Pour ma part absolument pas. Les différents modes de difficulté pourront rallonger la durée de vie du soft pour les joueurs les plus assidus.