Imaginez un monde où la quasi-totalité de l’espèce humaine a quitté son corps pour vivre au cœur d’une structure spatiale capable de recréer virtuellement des conditions de vie physiques ainsi qu’un ordre social établit. Ce monde se nommant DEVA est contrôlé par trois entités suprêmes ayant prises les traits de Zeus, Ganesh et Nio. Dans cette société, on octroie une mémoire vive plus ou moins grande en fonction du mérite et l’homme peut ainsi accéder à de multiples « maps » comme on peut le faire dans un jeu vidéo. Ainsi libéré de toute notion le liant à une enveloppe charnelle, l’humain peut accéder à une vie éternelle et à un savoir plus ou moins développé en fonction de la mémoire qui lui est attribuée.

Angela Balzac, incarnée dans un corps humain devra redescendre sur une terre dévastée
Tout commence sur une plage où Angela Balzac, agent à la sécurité de la station, repousse l’intrusion dans le système, d’une entité émettant visiblement depuis la planète Terre. Chargée en haut lieu de mettre fin à ce problème, la jeune femme est incarnée dans un corps humain, et envoyée à la surface d’une terre dévastée, n’ayant rien à envier au futur dépeint dans le Mad Max II de George Miller. Désert à perte de vue, immeubles éventrés et bidonvilles reconstruits dans le sable et la poussière composent le visage d’une planète jadis bleue. À peine arrivée, Angela prend contact avec son agent sur place Dingo. C’est ainsi que tous deux ils se mettent en quête du fameux « Frontier Setter », le hacker ayant réussi à percer les défenses du paradis virtuel de DEVA.
Ce film d’animation de 2014 est basé sur une nouvelle de Gen Urobushi (Fate/Zero, Black Lagoon) et réalisé par Seiji Mizushima, ayant fait ses classes sur la série Neon Genesis Evangelion en 1995 avant de réaliser entre autres, plusieurs projets Gundam 00. Masatsugu Saito, un illustrateur auparavant connu pour de multiples productions érotiques assure pour sa part le poste de chara-design. Suite à ce film, et à la qualité de ses personnages, ce dernier sera repéré par Tetsuya Takahashi et Monolith Soft, et deviendra aux côtés de Tetsuya Nomura, chara design principal de Xenoblade 2 ! Et le lien avec Xenoblade ne s’arrête pas là, puise que le personnage d’Angela Balzac est très proche de celui de Mithra, aussi bien dans la personnalité, que dans le design, alors que Dingo lui rappel de manière un peu plus lointaine le trublion Zeke.
Expelled from Paradise pose des thématiques de réflexions sur l’avenir de l’homme, telles que la place de la robotique et la façon dont elle pourrait évoluer jusqu’à trouver sa part d’humanité et son libre arbitre et ainsi devenir, une nouvelle étape de l’évolution, alors que l’homme n’a de cesse que de vouloir s’affranchir de ces préceptes par le biais d’une numérisation galopante du savoir. Sous ses airs de film un peu déjanté mettant en avant une héroïne courtement vêtue, pleine de charme et au tempérament bien trempé, le récit met sur la table plusieurs sujets que l’on retrouvera par la suite dans le Nier Automata de Yoko Taro en 2017 et bien évidemment dans Xenoblade 2 en 2016. Ce film et son rapport au paradis et à la synthétisation de l’humanité, résonnent tant avec le dernier quart du jeu de Monolith Soft, qu’il est évident que Tetsuya Takahashi fut si touché par ce film qu’il fut désireux de continuer la réflexion et d’avoir SA Angela Balzak dans Xenoblade 2. Le récit appuie également sur la façon dont l’on se détache de ce que peuvent nous procurer nos sens corporels par de la nourriture aseptisée ou par le simple fait de prendre le temps d’écouter de la musique.

Dingo et Angela
Produit par la Toei Animation, Expelled from Paradise dispose d’une réalisation superbe. Les personnages sont en 3D, mais rien ou presque ne le laisse entrevoir, tant la qualité de rendu et les aplats des textures des personnages, donnent l’illusion d’un animé classique. Les décors ne sont pas en reste et la réalisation a de la patate. Le film dans sa première partie, prend le temps de poser son concept et n’est pas avare en éléments de background permettant de mieux saisir les tenants et les aboutissant, alors que la seconde partie nous offre d’intenses combats de mecha et une fin honorable, bien qu’il soit évident que le récit ne s’arrête pas là. Et pour cause, les nouvelles de Gen Uroboshi prolongent l’histoire, mais n’ont à ce jour hélas pas connu de traduction anglaise et encore moins française. Ce qui est fort dommage. Le film dispose donc d’un rythme maîtrisé malgré quelques facilités çà et là, permettant de faire avancer l’intrigue.

La mise en scène des combats de robots dispose d’un dynamisme impressionnant