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TEST : THE SILVER CASE 2425

The Silver Case 2425…

SUDA51…un visage d’ange pour une personnalité à part dont l’esprit tortueux flirte avec les limites de la folie. Une comparaison, certes un tantinet maladroite, pourrait être établie avec le grand Lynch. En outre, il s’agit plus d’illustrer le parallèle que de rapprocher réellement les 2 hommes. En tout cas, The Silver Case représente un nouveau mutant schizophrène, embrassant le génie comme le médiocre pour un mélange acre et séduisant. 

Bien sûr, à l’évocation de ce nom viennent à l’esprit Killer7, Shadows of the Damned, No More Heroes ou encore Killer is Dead. Entre autres ! Mais il y a eu un avant, un ciment dont The Silver Case est le matériau. Fort de sa nouvelle notoriété, le bonhomme a eu le désir de nous faire découvrir son CV et c’est par le biais de NIS America et de Koch Media que la magie de cette compilation (regroupant l’original et son petit frère) opère.

La certitude d’un succès total pour l’éditeur et le développeur Grasshopper Manufacture ? Ne nous cachons rien les amis : l’unanimité paraît bien lointaine. C’est en ce sens que nous avons une intime conviction ! Si le titre se doit d’être essayé, c’est surtout en raison de sa valeur expérimentale. Nul doute que les réfractaires à l’esthétisme du sieur se feront les détracteurs d’un style de jeu qui n’en est pas tout à fait un.

Déjà que le visual novel est critiqué par quelques puristes de l’école du gameplay… Ici, cela va encore plus loin mais n’y voyons pas d’archaïsme indigent : The Silver Case 2425 regroupe 2 œuvres du passé qui se suivent dans l’histoire tout en étant aux antipodes. Par ailleurs, même si le lien de parenté est essentiel, elles sont pensées pour être parcourues indépendamment pour des raisons que nous expliquerons dans cet écrit.

Autres points importants, et non des moindres : afin de ne pas gâcher les surprises scénaristiques, les captures d’écran ne concernent que le tout début de chaque production, chacune d’entre elles étant régie par son histoire. Deuxièmement, pour que le confort de lecture soit optimal, le test sera scindé en 2 dans le but de vous parler au mieux des 2 épisodes, The Silver Case et sa suite The 25th Ward : Silver Case.

A nous de pénétrer dans l’étrange et le mal-être, là où le malsain est la clé de voûte de notre univers.

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Voilà qui annonce la couleur…

Case qu’elle a ma gueule ?

Avant toute chose, il s’agit de présenter le gentleman. The Silver Case est un visual novel sorti en 1999 sur notre bonne vieille Playstation avant de connaître une réédition sur PC et PS4, respectivement en 2016 et 2017. C’est sur les bases de ces moutures qu’intervient le remaster du premier titre de cette compilation !

Que les ardeurs soient restreintes : certes l’intérêt n’est pas là mais visuellement, cela est complètement dépassé. Oui, le titre accuse le poids des âges lors des phases de gameplay, là où les saynètes jouissent de la qualité des plans choisis et d’un chara-design proprement hallucinant dans sa conception. Et ce sera bien cet accrochage qui sera essentiel pour votre appréciation du plat qui vous est servi.

En effet, tout est pensé pour retranscrire une ambiance glauque où le polar est épaulé par une sorte de mysticisme. Cela transpire dans chaque dialogue avec des phrases courtes et à l’occasion franchement floues. Chaque joueur sera d’ailleurs assommé de temps à autre par de nombreuses lignes qui s’enchaînent, encore et encore, sans saisir de suite la direction dans laquelle SUDA51, réalisateur et scénariste, veut nous emmener. Tantôt cryptique, tantôt basique, The Silver Case vous dirige vers des sentiers qui mettent peu à l’aise.

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Ce n’est pas l’action qui fera rêver mais bien la mise en scène !

Cependant, il vous faudra prendre en compte plusieurs choses : aucun doublage n’est au menu, ce qui est un frein à l’immersion. Bien sûr, nous comprenons qu’il ne s’agit en aucun cas d’une refonte totale. Néanmoins, les moins patients d’entre nous pourraient se lasser d’une suite de dialogues toujours sensés mais omniprésents.

De plus (et cela changera la donne pour beaucoup) et comme souvent avec NIS America, la traduction française n’est pas de mise. Cela ne constitue pas un reproche envers l’éditeur car ces jeux visent un public de niche. Toutefois, il faudra impérativement prendre cet élément en compte. Vous aurez le temps de lire et de comprendre mais cela requiert un minimum tellement la diégèse est barrée… et intéressante !

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Quand on vous dit que aurez le temps de lire…

 

Mystic Silver

L’histoire de The Silver Case ? Passionnante bien que longue à se mettre en place. Une société gangrénée, des meurtres à répétition et une piste, dont on ne sait pas grand-chose. Ce que représente Kamui, le suspect, est un mystère qui s’épaissit même lors des instants où vous pensiez avoir saisi les tenants et aboutissants. Un gros point sur l’écriture qui, dans toute sa dimension complètement déglinguée, maintient une cohérence si chère aux sempiternelles digressions de SUDA51.

La police cherche à comprendre et vous, membre de “Republic”, êtes un maillon qui amène à la conclusion. Que dire de plus ? Peu de choses si ce n’est que les surprises sont bien amenées en dépit de successions de plans fixes, toujours bien cadrés néanmoins. Le cafouillage est de la partie, surtout au début, lorsqu’il faudra retenir l’identité des protagonistes du casting et leur rôle au sein de ce conte aussi lugubre que maîtrisé, une future constante pour Grasshopper.

Le plaisir de la découverte se manifeste à chaque instant et pour ne pas alourdir le process, les conversations bénéficient de petits détails qui n’entravent pas le propos. Ainsi, le nom du perso prenant la parole est évoqué de manière discrète et classieuse, tout comme sa désignation. Nous sentons que chaque chose est calculée au milieu d’un marasme qui finirait en gloubi-boulga si le capitaine à la barre n’avait pas les pognes solides.

SUDA51

SUDA51 : Un cerveau d’une ébullition démentielle !

Pour le reste, le sound-design fait son office. Certes, le cliquetis de l’informatique tout droit sorti des eighties a tendance à agacer, s’acoquinant du trop-plein et de la démesure. Un choix volontaire, totalement raccord avec l’essence d’un scénario oppressant, que ce soit pour le gamer, les personnages engagés ou ceux que nous ne voyons pas, la population étant souvent seulement évoquée. Une orgie sonore qui fait le choix d’appuyer là où ça fait mal, faisant grandir cette nécessité de quitter un monde anxiogène et, de surcroît, violent.

Sans parler de cette OST signée Masafumi Takada, dans une forme olympique pour distiller des essais étranges, aussi puissants dans leur dysphonie que dans leur harmonie. C’est dire si l’essai est singulier, envoûtant, se matérialisant en tant que pièce maîtresse d’un puzzle bien complexe dont la résolution nous tient à cœur même si, comme nous allons le voir, nous n’avons pas la mainmise tant la route est tracée par le studio.

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Sombre et classe.

 

Le diable de Case manie

“Oui nous avons bien compris mais le gameplay ? Fichtre alors !”. Un leitmotiv inhérent au jeu vidéo qui ne saurait être remis en question. Et pourtant… Autant ne pas tergiverser : que cela a mal vieilli ! Tout est bien raide et peu instinctif. Il vous faudra un laps de temps indispensable pour bien appréhender l’ensemble, quand bien même cela reste difficile à automatiser tout au long de l’expérience.

Certes, ce n’est pas le centre névralgique de The Silver Case. Néanmoins, en 2021, quelques améliorations n’auraient pas été de refus. Pour tout vous résumer, vous aurez à gérer plusieurs “roulettes” depuis un menu qui manque cruellement d’ergonomie. Cela vous permet de vous déplacer, de contacter vos compagnons de fortune ou encore d’utiliser les items et de sauvegarder. Le tout en vue FPS.

Rien de bien fou et les déplacements sont bien rigides, vous imposant de regarder le lieu pour vous déplacer avec des repères concernant les points cardinaux. C’est très sommaire et lourd même si l’utilisation des 2 sticks du pad de la Switch sera bien plus efficace que la croix. Pour le reste, nous sommes dans le basique : les 4 directions auxquelles s’ajoutent la possibilité de voir au-dessus (cela vous servira tellement !) et en dessous.

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Non, l’image n’a pas été assombrie par nos soins !

Une dégustation composée d’énigmes assez simples lorsque vous aurez compris ce qu’il faut faire (sans indice), ce qui est moins évident de prime abord. Surtout qu’il n’y aura, pour le coup, aucune place à l’imagination. Nous réitérons : on vous demande uniquement de suivre exactement ce qui a été prévu par les développeurs et rien d’autre. De quoi tourner en bourrique dans des environnements délibérément et excessivement sombres.

Les interactions sont également réduites mais que tout le monde se rassure : cela ne constitue pas le sel de The Silver Case et il est aisé d’éviter cet écueil grâce à un tour de passe-passe. Tout cela reste bien dirigiste et sert à la narration, ce qui fait totalement sens. Il est évident que si vous passez outre ce point d’orgue peu emballant, vous saurez vous laisser emporter par les qualités du jeu. De plus, et c’est un avantage pour la Nintendo Switch, le fait de basculer vers la dimension portable offre la possibilité de suivre un livre avec quelques interactions et rien que pour cela, nous pouvons nous dire qu’en dépit de quelques erreurs flagrantes, la production transcende les codes vidéoludiques.

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Il est temps de passer à autre chose…

 

Case est la voie

Quelques scènes transitoires plus tard et voilà que la suite, 25th Ward : Silver Case, démarre à son tour. Comme précisé en introduction : nul besoin d’être un féru du premier opus pour savourer le nectar. Cependant, cela est un réel avantage tant tout est relié et que certains clins d’œil ne peuvent être perçus par le néophyte.

Concernant la formule, celle-ci conserve une feuille de route similaire malgré certains remaniements notables et indispensables. Le jeu, sorti sur mobiles dès 2005, se présente plus comme un remake, toujours porté par les portages PC et PS4 de 2018, au sens où le gameplay a été repensé. Exit, forcément, les fonctionnalités des téléphones pour s’adapter aux fonctionnalités du pad.

Premier ressenti : cela est bien plus souple et si nous regrettons la version annulée de la DS qui se serait bien prêtée à l’exercice, impossible de ne pas voir les bienfaits de la refonte bien différente du premier titre. Ce qui paraît normal ! En tout cas, il est bien plus instinctif d’errer dans les couloirs exigus offerts par l’aventure avec un choix bien plus pratique des phases de discussions/mouvements/items… sans compter que l’orientation des possibilités est sans équivoque. Bref, la vue FPS est toujours choisie et si la formule n’est pas en pleine révolution, elle dispose de correctifs essentiels. De quoi en faire un exemple de jouabilité ? Pas vraiment…

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OK ce n’est pas le grand soir. Mais c’est bien plus maniable !

Une nouvelle fois : place à l’histoire ! En bon visual novel, 25th Ward : The Silver Case ne s’enquiquine pas d’immenses possibilités in-game. Cela va droit au but avec quelques énigmes à résoudre qui, rassurez-vous, ne vous mangeront pas le cerveau et qui pourront être zappées aisément. Il vous faudra toujours observer et discuter avec des personnages non visibles à l’écran, comme si ce monde s’était vidé de toute substance.

Un retour dans le passé qui, forcément, ne sera pas en mesure de convaincre chacun d’entre vous. Une nouvelle fois, sous des aspects aussi vieillots que futuristes, le soft établit sa propre identité quitte à se passer d’une section du public, peu engagé pour découvrir des dialogues toujours aussi tarés (et finement écrits) et une nouvelle fois… en anglais uniquement.

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Et ça fout mal à l’aise !

 

Tourner la Case

Il serait injuste de considérer 25th Ward : The Silver Case comme une pâle évolution de son aîné. En bon successeur, celui-ci casse les codes en instaurant un ton bien plus monochrome. Takashi Miyamoto se charge une nouvelle fois du chara-design, avec succès, tout en orientant le style vers d’autres horizons. Une bien jolie patte graphique lors des échanges, là où le bât blesse lors des déplacements dans des décors d’une laideur prononcée. Le fardeau est peut-être lourd à porter mais il en est ainsi : en 2021, cela fait piètre figure. Mais le coup de crayon des personnages est tellement faramineux…

L’ensemble du son, bénéficiant de musiques toujours signées Takada, transcende encore ce qui fut fait lors de la première itération. Cela va bien plus loin et au-delà du malaise se trouve la genèse du questionnement afin de comprendre les événements qui nous entourent. Des bruitages toujours entêtants, quoique adoucis, et une partition qui pousse l’expérimentation vers la fascination. Rien que ça !

Et l’histoire alors ? Sous un aspect verbeux, celle-ci se livre également peu à peu, avec quelques scènes lunaires laissant place au doute et à l’interprétation. Cela commence une nouvelle fois par un meurtre puis… un autre. Une ombre plane et le récit est très éclaté pour mieux se rejoindre au fur et à mesure de l’avancée. 3 points de vue à aborder selon votre désir dans 3 parties (“Correctness”, “Match Maker” et “Placebo”) où les événements prendront le temps de se relier même si cela ne fait pas sens à première vue.

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Une toile qui s’étoffe…jusqu’à en devenir compréhensible !

Les épilogues jonchent une autoroute surréaliste, frôlant parfois l’absurde mais il serait aberrant de ne pas s’incliner devant l’écriture. Si SUDA51 n’était pas seul pour The Silver Case, nous sentons ici une certaine liberté prise par ses compères (notamment Yuki et Ooka) qui permet d’aller encore plus loin tout en admirant l’homogénéité paradoxale. Un véritable tour de force !

Nous sommes donc face à un essai bien plus abordable prenant toujours autant de risques et prompt à nous rappeler que le travail de SUDA51 est un ramassis d’idées qu’il est capable d’assembler pour former un tout original, psychédélique et transcendant. Ainsi, The Silver Case 2425 est une anthologie pour celui qui voudra parfaire sa connaissance de l’homme. Pour les autres, il s’agira d’une énorme purge ou d’une découverte titillant la curiosité. 

A vous de trancher en ce qui concerne votre sensibilité.

CONCLUSION

Intense, fastidieux, surprenant… les adjectifs ne manquent pas pour résumer The Silver Case 2425 dont l’arrivée sur la Switch en 2021 a de quoi surprendre. Pourtant, ne boudons pas notre plaisir : tout a un début et le parcours actuel de SUDA51 ne serait pas de cet acabit sans ce passage vers le visual novel. Une compilation qui dépendra de votre approche du jeu vidéo, que ce soit par rapport au gameplay, réduit ici à sa plus simple expression, ou à la technique, totalement à la ramasse lors des phases jouables. Toutefois, ce serait déterrer la hache de guerre bien trop tôt tant The Silver Case 2425 présente 2 œuvres généreuses, rayonnantes grâce à une direction artistique de folie qui s’étale sur tous les compartiments.  De quoi ravir les chercheurs en quête de Graal unique, celui dont la lumière peut aveugler le moins affranchi tout en blessant parfois l’âme de l’endurci. Une tâche d’encre au milieu d’un tableau qui se voudrait trop parfait. En enfants terribles du jeu vidéo, les créateurs se permettent d’enfreindre les règles afin de s’amuser avec nos sens et parfois franchement avec nos nerfs. En tout état de cause si vous recherchez des sensations au pad, cette compilation n’est pas le trésor fantasmé. En revanche, si l’OVNI narratif est votre récolte récurrente, alors il est fort probable que le contrat sera paraphé de votre main. Avec une encre mélangée au sang, cela va de soi…

NOTE DE LA REDAC

6.2
10
Bien
Son
9
Graphisme
6
Animation
4
Jouabilité
3.5
Intérêt
8.5
Les plus
  • 2 histoires aussi barrées que solides
  • La narration originale
  • Le chara-design de folie
  • L’OST aussi fantasque que fantastique
  • Une ambiance pesante et fascinante
LES MOINS
  • Pas doublage fr
  • Aucune voix
  • Un gameplay réduit au strict minimum
  • Un coup de vieux notable pour le premier opus

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NO BLOODY KNOWS [Responsable Relations Publics et Presse]
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