Ys V est peut-être l’épisode le plus obscur de la série canonique de Falcom. Après 4 opus portés par des musiques et des scènes animées iconiques, que l’on doit à l’architecture de le PC Engine, le studio a jeté son dévolu sur la 16 bit de Nintendo, pour assurer la continuité du périple d’Adol, le chevalier aux cheveux rouges. Ys 3 fut le premier à poser un pied dans l’écosystème Super Nintendo et une itération différente de celle apparue sur la console de Nec pour Ys 4, emboîta le pas ensuite. Et c’est en toute fin 1995, que débarque Ys V Ushinawareta Suna no Miyako, aussi appelé plus communément Ys V : Lost Kefin, The kingdom of sand, en Occident. Jamais édité officiellement hors du Japon, le jeu a néanmoins bénéficié d’une fantrad anglaise trouvable en Rom. Un remake PS2 a également vu le jour et resta lui aussi exclusivement destiné au public Japonais.
Le contexte est simple, comme dans chaque épisode, Adol Christin débarque dans une nouvelle partie du monde pour en chercher les secrets et possiblement, découvrir une quelconque trace de civilisation perdue. Souvent inspirés de lieux et de légendes occidentales et, ou liés aux civilisations de l’antiquité, la saga Ys accoste cette fois sur ce qui s’apparente au Nord de l’Afrique et les bords de la mer Méditerranée. Le premier élément narratif du jeu se dévoile dans une ambiance superstitieuse qui prête un peu à sourire, puisqu’elle est construite autour de la couleur des cheveux de notre héros. Cette particularité, annonce en réalité l’arrivée d’un grand malheur imminent et planant sur la région. Rapidement, le scénario se construit et le jeu déroule durant ses 7 8 heures, mettant sur la route d’Adol, cités et lieux labyrinthiques à explorer, ponctués de quelques rebondissements impliquant des gens du coin. Ainsi cette quête met Adol, sur la piste de cristaux ouvrant le chemin vers une cité antédiluvienne du nom de Phantom City.
On retrouve donc comme à l’accoutumé, le principe de la grosse structure à explorer en seconde partie de jeu, un peu comme dans Ys Book I&II. En somme, une quête classique et attendue, se concluant vers une lutte contre un mal ancien et jusque-là en sommeil est le programme de cet Action RPG. Hélas, le Boss final n’a pas forcément la prestance et n’offre pas un challenge digne de son rang, au point de s’étonner de voir apparaître le générique final après l’avoir vaincu.

Boss et cristaux à récupérer dans un jeu à la réalisation réussie
Au fil des heures de jeu, la bonne vieille formule Ys s’installe mais hélas, accompagnée d’une relecture assez anémique de son système de jeu. Le gameplay est une déception. Falcom, bien conscient que les épisodes d’antan pouvaient décontenancer face à une concurrence, a choisi de moderniser ses propositions de jeu. Le Studio met donc au placard le principe original d’Ys (visant à toucher son ennemi en avançant simplement sur lui), pour un gameplay permettant de donner de vrais coups d’épée sur des cartes en vue du dessus, comme dans un Zelda III. Cependant, ce changement intéressant, s’effectue au travers d’un jeu qui manque cruellement de punch. Très facile, et assez mou, l’action est en deçà de ce que la série avait pu nous proposer par le passé. Des monstres moins présents, des Boss qui rament pour certains, en plus d’avoir des hits box assez bancales. Les environnements et leur level design sont moins inspirés, avec pas mal des lieux assez petits et qu’on traverse bien trop vite, au point que le mot qui ressort de cette aventure soit : Timidité. Un jeu timide, allant jusqu’à proposer un système de magie tout bonnement dispensable, au point de pouvoir finir le jeu uniquement avec la touche d’attaque et ce, sans aucune résistance.
En conséquence, le décalage entre votre niveau au corps-à-corps et votre niveau de magie se creuse au fil des heures passées jusqu’à inciter le joueur à laisser de coter ces sorts peu intuitifs à utiliser. Bien qu’inutiles, ils bénéficient quand même d’un principe de fusion et d’évolution que pourront creuser les plus curieux et dont la création repose sur divers items à trouver au fil de l’aventure.

Le menu de Fluxstone, permettant l’utilisation de la magie pour les plus curieux
Techniquement, Ys V est assez joli, avec une palette colorée et des teintes discrètes, offrant dans l’ensemble un pixel art de qualité. Des tons aquarelles et quelques jolis environnements se distinguent d’une réalisation correcte bien qu’un peu timide à certains moments. Les environnements évoquent à la foi, forêts poussant les pieds dans le sable, villages sur pilotis, et cité perdues faite de pierre blanche engloutie à moitié par le désert. La bande-son est globalement dans le même ton, plaisante mais sage, avec quand même, quelques thèmes fort réussis. Forcément en deçà de la fulgurance des pistes sonores portées par le support CD de la PC Engine, le style Falcom se transpose malgré tout, avec un certain charme aux sonorités caractéristiques de la Super Nintendo.

Ys V remplace les cinématiques PC-Engine par quelques illustrations en pixel-art afin d’appuyer un peu sa narration