Comme un poisson dans l’eau…Voilà une phrase que je ne comprenais pas. Croyez le ou non, je n’ai pas toujours été l’effrayante créature qui se présente à vous aujourd’hui. Car avant de devenir celle que je suis, il m’aura fallu du temps et surtout beaucoup d’abnégation.
Vous connaissez Pete L’Ecailleux ? Un nom ridicule pour un personnage qui ne l’est pas moins. Et surtout la star de la télé-réalité « Man Eater », où des caméras suivent et couvrent la vie de ces pêcheurs de l’Extrême, à la recherche de poissons voraces et autres excentricités du monde aquatique. Je n’étais pas encore née que déjà il me provoquait : il poursuivait sans relâche ma mère, soi-disant par vengeance pour la mort de son père. Mais alors qu’il parvenait à ses fins, non sans avoir perdu une jambe au passage, le bougre me fit voir le jour en éventrant sa proie. Et en me relâchant dans l’eau, il laissa assurément s’échapper sa seule chance d’éviter de gros ennuis. Car désormais seule face à ce monde hostile par sa faute, la vengeance devint mienne et ma vie y fut consacrée. Mais avant de pouvoir poser mes mâchoires sur ce grotesque individu, il m’aura fallu apprendre, grandir et asseoir ma suprématie au sommet de la chaîne alimentaire.

Je décline toute responsabilité quant au naufrage de ce bateau.
La vie est long fleuve tranquille…ou pas !
C’est vrai qu’au début, du haut de mon petit mètre de long, je n’emmenais pas large et la vue d’un crocodile ou d’un piranha suffisait à me mettre en panique. Rapidement, j’ai appris à mettre à profit mes aptitudes à naviguer loin de toute hostilité et à fuir sans céder à la panique, la nature m’ayant dotée d’une faculté de déplacement…disons délicate ! Mais le temps fait son office et j’ai pris l’assurance nécessaire pour affronter mes premiers ennemis sans problème. J’avoue aussi que mes nombreux repas à base tortues ou de poissons inoffensifs, et la prise de poids qui en découle, facilite aussi beaucoup la confiance en soi. N’est pas Ecco qui veut, mais me promener au gré des flots et naviguer dans le monde qui m’entoure s’avère plutôt agréable et découvrir un lieu insolite, souvent un symbole de la stupidité humaine, est toujours un plaisir. Seules les grottes étroites, les canalisations et les tunnels mettent encore mon calme à l’épreuve.

Quand je vous dis que je ne suis pas Ecco !!
Très vite, je tournais en rond comme dans un bocal et il me fallait explorer au-delà de mes poisseux bayous, trouver de nouveaux challenges et des adversaires qui me permettront de devenir LE prédateur. Paradoxalement, je constate que plus les eaux dans lesquelles je me baigne se clarifient, plus la faune se montre hostile. Entre les marlins, les requins-marteaux ou autres espadons, se cache le « boss » du territoire, naturellement supérieur à ses congénères, qui tentera de m’éliminer. Là encore, un défi quasi insurmontable lors de ma prime jeunesse, et qui est aujourd’hui une simple formalité, même si je confesse être toujours à la peine pour « locker » une cible un peu trop vigoureuse. Mon secret pour survivre dans cette jungle aquatique ? Réguler la population de la plupart des espèces marines vivantes en délestant les flots de quelques bancs de poissons par exemple. Pas forcément passionnant et répétitif comme un boulot d’usine, mais très efficaces pour vite devenir un mastodonte marin et surtout développer des aptitudes bien utiles pour m’attaquer me défendre face à des adversaires plus fort que moi !! Des dents électrifiées, une carapace osseuse dur comme de la pierre, la faculté de ne pas ressentir la douleur pendant un court instant sont quelques unes des possibilités d’évolution que la « nature » va m’offrir, comme une récompense après un pénible labeur.
Il n’est pire eau que celle qui dort…ou qui cache un requin !!
Vous le constatez aussi, bien que sympathiquement varié, mon dorénavant royaume n’est pas extraordinairement grand et je ne ferais qu’effleurer les immensités de l’océan. Cependant, bien que l’idée d’explorer de plus gigantesques territoires m’a souvent traversé l’esprit, je ne voudrais perdre pour rien au monde ce plaisir savoureux et typique des bords de mer civilisés : créer la panique chez les humains !!

Sea, Shark and Sun !!!
Car s’il est un bonheur sans pareil d’être redouté de tous sous l’eau, c’est bien à la surface qu’il est le plus divertissant. Après tout, ce n’est qu’un juste retour des choses : en polluant les mers à outrance, c’est finalement eux qui m’ont façonnée en me nourrissant des déchets issus de leur désir boulimique de confort. Et c’est un homme qui m’a fait naître par césarienne, non ? Alors, il n’est aucune raison de ne pas m’adonner aux joies du « Croque Monsieur/Madame » !!! Déjà, les terroriser quand ils nagent ou s’amusent sur leurs frêles embarcations flottantes, c’est drôle, mais je ne me lasserai jamais de les voir constater fatalement qu’ils sont impuissants et que, même hors de l’eau, ils ne sont pas à l’abri de mon insatiable appétit. L’entrainement me permet déambuler sur ces terres riches en hommes et femmes hurlants de terreur que je préfère dévorer plutôt que de les laisser sombrer dans la phobie de l’eau à tout jamais. Mais comme pour les tortues et les morues, c’est dans un souci de régulation de l’espèce par la nature, ne vous méprenez pas !! Seulement ce geste charitable et nécessaire de ma part est mal vue de la police des mers et chatouille aussi ces fameux pêcheurs de monstres aquatiques, prêt à tout pour s’attirer les caméras de cette fichue émission. Et il est une chose que je veux bien leur accorder : ils ne manquent pas d’imagination quant aux moyens mis en œuvre pour me chasser, et les fusils, les harpons et parfois des torpilles s’associent aux grenades, bazookas et autres cages électriques. Par contre, j’avoue qu’ils m’ont rapidement déçu car ils n’évoluent pas aussi vite que ma propension à créer un carnage parmi eux et leur faible résistance face à mes assauts font qu’ils ne sont finalement devenus qu’une étape de plus vers mon but final. Et à mesure que s’enchainent les jours et les nuits, l’heure de la vengeance approche. Je suis maintenant prête à mettre un terme définitif à cette vendetta et prouver qu’il est de mauvaise augure qu’un requin ait une dent contre vous !

Plus c’est beau en surface, plus ça craint dans les profondeurs (proverbe marin)
(test effectué et captures prises sur Xbox Série X)