Close

Login

Close

Register

Close

Lost Password

LES PODCASTS DU MOMENT

TEST : ALTERED BEAST

M’enfin il faut reconnaître que quelque chose ne tourne pas rond chez vous les enfants ! Allons ! Altered BeastAltered Beast… Mais vous n’avez que ça comme vocabulaire bon sang ! Plus de 30 ans qu’on en entend parler de celui-là ! 3 décennies, vous vous rendez compte ? Alors quoi ? Vous allez oser l’originalité ? Nous parler des conversions Master System, Nes, Amiga ? Ou alors des portages plus obscurs comme l’adaptation PC-Engine au moins ? Comment ça, “non” ? 

Non, même pas. C’est au travers de cette conversation sortie de derrière les fagots née d’un sommeil un brin agité que nous est venue cette obsession : parler des classiques sans tracas. Certes, la formule est rincée et bon nombre de testeurs ont exprimé leur opinion à travers les âges. A chaud, avec du recul, à titre de comparaison, à charge. Tout y est passé et en se fiant à ce postulat, l’intérêt de nos lignes n’est que relatif, voire inexistant. Prétentieux éventuellement car l’idée de se confronter aux colosses qui ont su évoquer l’ouvrage avec brio pourrait être synonyme d’impertinence.

Il n’en est rien. Tout n’est qu’une question de feeling et si nous avons opté pour une formule de test (et non d’un dossier), c’est que la raison en vaut la peine : celui-ci fera écho à un autre titre de la même licence. Un joyau moins reluisant, effectivement, mais tout aussi capital. Ne serait-ce que pour comprendre. Or, sans étude des fondations, c’est l’ensemble de l’édifice qui menace de s’écrouler. Un événement fâcheux que nous ne serions en mesure d’accepter. Point de rivalité ; en outre, notre vœu le plus cher consiste à vous parler de baston, encore et toujours. Un genre chéri parfaitement représenté par ces papys du beat, ceux dont les muscles se froissent sans que les os ne se cassent.

Bien sûr, il aurait été probablement plus sage de se fier à notre âme underground en vous évoquant autre chose que la 16 Bit de SEGA. Que voulez-vous ? On ne se refait pas ! Bien décidé à s’adresser au plus grand nombre de combattants du pad, le NBK se décide donc à vous évoquer le passage de Altered Beast sur Mega Drive. Sans sourciller puisque in fine, nos premiers souvenirs de cet objet désormais mythique se sont déroulés sur cette machine.

Privés de Système 16, amis lecteurs ? A nous de nous faire pardonner en vous proposant un voyage lointain où se mêlent mythologie grecque, dieux au chômage, folklore et champions en slip. Une genèse à la fois unique, mirifique et…contestable.

Sueur sur le front, pectoraux gonflés, mains poisseuses : nous voici, bouches bées, devant l’oriflamme.

Mais nous ne connaîtrons pas la peur car il paraît que celle-ci tue l’esprit… 

SEGA Mega Drive Classics 20220110205911

Des déceptions et des frissons…

Beast trip runner

Il faut croire que la théogonie et le jeu vidéo sont de vieux copains un poil bourrus mais complices en tout point. Les divinités ? De vieilles gloires avachies et fainéantes, au point d’envoyer de pauvres larbins faire le pénible labeur à leur place. Un rapport de domination où le prolétaire en sandales va devoir régler les comptes d’apothicaire au nom de légendes tellement édulcorées qu’elles en ont perdu toute saveur. Des héros des temps modernes en somme !

Toujours est-il que le pitch de Altered Beast est minimaliste et nous ne nous en plaindrons pas. Après tout, nous sommes plongés dans un Beat’em Up où le craquement des cartilages est le seul héritier de l’effervescence.

Nous nous enflammons un peu vite… Ainsi, pour celles et ceux qui voudraient étancher leur soif de connaissance(s), la diégèse met en scène la capture d’Athéna par Hadès. Zeus, sûrement trop occupé à médire des Titans, ne daigne point se déplacer et envoie un (ou deux, forcément) de ses sbires remettre de l’ordre dans la maison.

SEGA Mega Drive Classics 20220110210704

Une image que tout le monde connaît !

Le tout résumé en une intro succincte qui, des printemps plus tard, nous parcourt le corps pour le réchauffer d’un hédonisme intense. La mixture sonore et visuelle est ravissante quand bien même elle ne peut rivaliser avec sa grande sœur de l’arcade.

Cependant, la Mega Drive n’a aucune raison de rougir. Adaptée en 88 comme son aînée (89 pour les States et 90 pour nous autres), la belle présente forcément des traits moins travaillés et surtout une qualité sonore au rabais. Nous sommes pourtant loin des massacres qu’a pu nous “offrir” la machine, et les thèmes restent gravés dans les mémoires. De plus, la partition (aussi sommaire soit-elle) est raffinée bien que, nous réitérons, elle s’amenuise en raison de son passage vers la carte de la console.

Rares sont ceux qui ont pu le constater par eux-mêmes et finalement, SEGA parvient à modeler le concept de l’”arcade à la maison”, ce qui est un triomphe en soi.

SEGA Mega Drive Classics 20220119215815

Avant la transformation…

Simply the Beast

En l’état, nous pardonnons le fait que les sprites soient moins impressionnants, la palette de couleurs limitée et la finesse en berne. Tout du moins, nous le tolérons ! Car quoi qu’on en dise, l’atmosphère est incroyable et nous plonge directement dans le vif du sujet. Les intermèdes gravés, à l’image de cet écran-titre tout juste génial, démontrent une démarche artistique avérée, pensée et conçue sans hasard. 

Et si ce n’est point la team Shinobi qui est en charge du portage, la bande de Hiroshi Momota (qu’on retrouve à la programmation de Bare Knuckle/Streets of Rage 3 dont nous vous avons déjà parlé) s’en sort avec les honneurs, en fonction des limites imposées.

SEGA Mega Drive Classics 20220110210205

L’introduction kitsch et culte !

En y regardant de plus près, nous devons admettre que les teintures sont criardes et que les arrière-plans sont parfois à la limite de l’atrocité. Nous ne comprendrons d’ailleurs jamais cette addiction au violet qui, selon notre empirisme, résulterait d’un défi technique inabordable ou d’un manque de moyens. Nous oscillons entre perfection et mauvais goût sachant que, tout compte fait, cela n’altère en rien l’illumination glauque retranscrite. Les biomes sont variés, du cimetière initial à une vision crédule de l’enfer.

Nul besoin d’asséner un quelconque artifice ! Les voix font aussi leur office, bien qu’elles soient downgradées et indéchiffrables. C’est aussi cela qui fait le charme de cette version qui ne chute jamais dans le ravin de la pâle copie. D’accord, cela est inférieur. En outre, le reproche serait vain tant la recette a été concoctée avec précision et professionnalisme. Nous admettons le fait qu’aucun d’entre nous n’a jamais vraiment entendu “power up” lors de la prise de masse des gaillards. Cela n’empêche pas d’écarquiller nos rétines lorsque ce moment se produit, signe que la magie est intemporelle.

SEGA Mega Drive Classics 20220119215812

Après la transformation !

Halte aux reds

Tout n’est pas aussi rose que certains éléments du décor et, à bien y réfléchir, certaines concessions paraissent assez grossières (et forcées) lorsqu’on se penche sur la Reine-Mère. Notamment au niveau des animations bien moins chiadées et décomposées, ce qui est flagrant lorsque vous balancez un projectile. Une nouvelle fois cela ne nuit pas au plaisir du jeu pour peu que vous accrochiez au concept. En effet, Altered Beast est rigide, pataud, lent et un peu gauche. Tout le monde est désormais prévenu.

Il faut aussi dire qu’entre Bad Dudes ou le Superman de Taito, l’action possédait une fière allure ! Ici, tout est réduit à la plus simple expression et certaines langues pourraient se délier en affirmant que la médiocrité était si bien maquillée qu’elle ne se voyait qu’avec un peu de recul. A notre sens, nous serions excessifs en embrassant ce courant ; il est indéniable que le gameplay ne croule pas sous les possibilités. Il reste cependant subtil dans son utilisation.

SEGA Mega Drive Classics 20220110211019

Il faudra s’habituer à tout perdre malgré le succès !

Après tant de temps, la plupart d’entre nous connaissent le principe par cœur ! Nous débutons avec un gringalet qui, au fur et à mesure, devient de plus en plus balèze, augmentant sa puissance et sa portée. Pour cela, rien de plus simple : on dégomme un cerbère albinos qui libère un orbe bleu, qui aura une méchante tendance à se sauver. En l’attrapant, vous devenez plus fort jusqu’au point d’apothéose : la transformation ! Celles-ci sont le sel de la création, la récompense qui vous pousse à poursuivre. Loup, tigre, dragon, ours…les variations seront un point d’extase entre rushs nerveux, sorts de pierre ou sauts meurtriers.

Une condition sine qua non pour se mesurer aux Boss ! De fait, si vous ne parvenez pas à réunir les bonus pour vous “augmenter”, alors vous ne pourrez pas affronter le gardien de niveau et vous poursuivrez vos combats dans le level qui, de fait, s’allonge. Au bout de 3 essais infructueux, c’est la crise : en tant qu’humain, le défi est trop intense ! Un postulat sans mayonnaise dégoulinante qui fait de Altered Beast un ouvrage mystique doté d’une âme puissante. Se venger sur les mobs lorsqu’on est au maximum n’a pas de prix car ceux-ci gâcheront votre existence, en vous privant peu à peu de vos barres d’énergie. Et il n’y en a que 3 (même si une manipulation cachée vous permet d’en obtenir 5 !), à l’instar des vies, sans “continue”. 

Dur !

SEGA Mega Drive Classics 20220119215848

Sûrement le Boss le plus intéressant du jeu…

Beast to fly

Il va sans dire que cette version MD est plus accessible que l’arcade. Cela n’en reste pas moins une bonne expérience parsemée d’embûches où le premier objectif sera de boucler le récit. Avant de se lancer d’autres défis car, fait rare pour un BTU, le scoring n’est pas forcément mis en avant. Vous vous surprendrez à redémarrer encore et encore pour, dans un premier temps, parcourir le jeu en moins de 10 minutes, puis sans perdre de vie…jusqu’à ne plus se faire toucher.

Pour toujours plus de challenge, sachez que l’opposition augmentera d’un cran en fin de game, comme vous l’indiquera avec une certaine dérision le générique de fin. Rien d’indomptable à partir du moment où vous saisissez l’essence des mécaniques et que vous aurez mémorisé le placement et les patterns des ennemis. Ceux-ci sont bien distincts et seront en mesure de vous surprendre, notamment par le biais d’une praline sortie de nulle part avec une allonge abusive (que ces bras sont longs dis-donc !). C’est à ce moment-là que nous réalisons que les hitboxes sont foireuses et que l’input est poussif, au point de pester et de crier au vol. En se fiant uniquement à la réactivité, oui il est aisé d’affirmer que Altered Beast est un bien mauvais produit.

SEGA Mega Drive Classics 20220119220253

Oui, c’est de mauvais goût !

Cela pourrait être encore plus vérifiable lorsqu’on se rend compte que l’on dirige un héros plus proche du tank embourbé que de l’agile esthète. La latence représente vraiment un handicap et, hors état bestial, ce n’est pas le festin du moveset ! Saut (court et long), poing, pied et quelques variations en l’air ou au sol (ce qui vous sauvera maintes fois malgré la position disgracieuse) : tel est le panel.

L’ensemble est bien pesant. Si cela confère au titre l’avantage de sublimer les impacts, il faut avouer que cela nuit sévèrement au confort et au dynamisme. L’impression d’avoir un empoté agace, surtout lorsqu’il paraît envisageable de placer un coup selon une fenêtre de tir bien définie. Sans crier gare, Altered Beast s’embrouille souvent, jusqu’à en voir son dogme cabossé. Rien de rédhibitoire mais l’ambition en prend un coup, délaissant la moindre once de technicité dont aurait pu s’enorgueillir la production.

Seulement, la vérité ne se trouve pas en ce lieu.

SEGA Mega Drive Classics 20220110210859

Une bestiole qu’on retrouve aussi dans Golden Axe !

Beast carrosse

Altered Beast boxe clairement dans une autre catégorie. Tout est ici question de gestion de l’espace, du mouvement et d’anticipation. C’est en ce sens que le scrolling est oppressant, vous obligeant à avancer car ce dernier n’est pas fixe et plutôt bien cadencé. A vous de ne pas moisir au bord de l’écran, sous peine d’en manger une venue du hors-champ. Il faut donc définir à quel endroit se mettre selon le contexte, avec un temps de réflexion fugitif. Une aide involontaire viendra de l’IA, totalement à l’ouest. Voir des molosses se vautrer lamentablement est aussi rageant que salvateur !

Le droit à l’erreur est minime et rien ne vous fera regagner de la santé, à aucun moment. Tout se paie cash et il vous faudra apprendre de vos erreurs, ce qui constitue un acquis pour une borne en suivant la logique ! Vous avez donc le loisir de reprendre à l’infini et les progrès réalisés sont rapidement repérables. A force, vous jonglez naturellement entre attaque et défense en prenant l’initiative ou en patientant sagement avant de foutre en l’air cette figure mythologique mortuaire ! Le passage qui vous a tant condamné devient ainsi une aire d’autoroute, relaxant vos sens avant de vous confronter aux prochains massacres.

SEGA Mega Drive Classics 20220110210948

La technique du « bourrinage de touche » !

La règle est équitable pour les Boss : peu mobiles, à l’exception du dernier, ceux-ci font des dégâts incroyables. Seul problème : une fois le point faible détecté, les expédier ad patres ne prend que quelques poignées de secondes, rendant les rencontres un peu décevantes. Paradoxalement, nous en gardons toujours un bon souvenir malgré une magnificence absente. Néanmoins, cela reste dans la continuité du deal proposé par l’expérience et nous ne pouvons que louer la volonté de ne pas sombrer dans la facilité dite “du sac à PV”, étrangeté sévissant encore de nos jours.

Ce doux bilan souffre toutefois des méfaits du temps car il faut bien se le dire : d’un ton trivial, nous ne pouvons pas vous cacher que Altered Beast a pris un sérieux coup de pelle ! Cela ne retire en rien son aura qu’on aurait aimé voir allongée. Assurément, les 5 petits niveaux font rachitiques et une partie bien menée ne dépassera pas les 20 minutes, en nous montrant débonnaires. Certes, il faudra galérer à de multiples instants pour y parvenir mais le mode 2 joueurs vous facilitera grandement la vie. Vous pourrez même choisir de booster de suite l’un des challengers pour ouvrir la voie à l’autre, le jeu doublant les orbes de transformation sans que ce ne soit le cas des opposants. Plus engageante, l’aventure prend une autre dimension qui fait oublier les énormes tares du jeu en solo.

C’est aussi ça la quintessence d’un monument : faire de son imperfection une marque indélébile de l’histoire.

 

 

CONCLUSION

Si un adage prône un de ces jours l’excellence universelle afin d’ériger un temple au rang suprême, alors nous serions en mesure de le regarder en face afin de le défier et déconstruire cet argument chimérique. Sans chercher à en extraire la nature, Altered Beast est bel et bien un Beat’em Up moyen sur de nombreux aspects. Passé ce cap, le jeu se laisse dompter pour nous happer naturellement et discrètement vers son objectif : automatiser ses mécanismes alors que nous n’y voyons que du feu. C’est en cela que l’opération est vertueuse ! En se penchant réellement sur l’objet, nous nous apercevons que les carences sont contrebalancées par un artifice qui sauve la volupté. Altered Beast est issu de l’ingéniosité de ses géniteurs, parfaitement conscients des lacunes techniques de leur rejeton. Et c’est en toute transparence que tout est assumé avec un soupçon de camouflage pour que l’illusion soit consommée.  L’action, à défaut d’être frénétique, en devient viscérale nonobstant une rusticité désuète. C’est peut-être cette odeur de renfermé qui, si elle repousse de prime abord, prouve que rien n’a changé et que la demeure est intacte. Nous n’allons donc pas à la rencontre de la plus séduisante des formes à contempler ; cependant, nous avons un sublime rendez-vous avec un être de caractère qui saura vous aimer au-delà du mal qu’il vous fait. Pire qu’un forçat du syndrome de Stockholm, vous en demanderez toujours plus. Jusqu’à vous questionner sur la rationalité des développeurs de la version PS2, totalement hermétiques au rayonnement du rubis mal taillé que représente le patriarche de la licence. Nous vous y emmènerons, un jour…

NOTE DE LA REDAC

6.4
10
Bien
Son
7.2
Graphisme
6
Animation
5.8
Gameplay
6
Intérêt
7
Les plus
  • L’ambiance
  • Le sound-design
  • La gestion des espaces
  • L’arcade à la maison !
  • Le mode 2 joueurs
  • Un bestiaire sympathique
  • Conversion MD réussie
LES MOINS
  • Pauvre en mouvements
  • Lent et rigide
  • Des hitboxes étranges
  • L’IA aux champignons
  • Bien trop court !
  • Quelques concessions par rapport à l’arcade, forcément

Partager :

NO BLOODY KNOWS [Responsable Relations Publics et Presse]
Fans du Beat'em Up, de SEGA ou encore de Nostalgeek, une chose vous réunit : vous êtes la Pop Culture

Autres articles