Interminable attente, que celle de revoir un Sonic au niveau de ce que la franchise avait pu nous offrir à l’époque de la Megadrive. Qu’était-il advenu de notre mascotte fétiche au fur et à mesure des décennies ? Pourquoi ce petit personnage qui nous faisait rêver dans les années 90 avec ses cabrioles dans des univers oniriques et chatoyants, s’était transformé en un adolescent agaçant et prétentieux ? Pourquoi les mélodies si évocatrices de Chemical Plan, Metropolis Zone ou Lava Reef avaient laissé place à d’insupportables morceaux de rock de supermarché et à du hip-hop aseptisés ? Après des années d’errance, à devenir parfois, chevalier, surfeur, Loup-garou, à boire la tasse dans le méprisable Sonic The Hedgehog 2006 et à nous promettre la lune, dans un Sonic 4 indigne de ses aînés, le hérisson de Sega retourne aux sources de ce qui a fait sa légende, à savoir la 2D en pixel-art. Ce retour aux sources passe par le biais d’une équipe étrangère à Sega, portée par Christian Whitehead. Ce développeur indépendant australien a su raviver l’expérience Sonic originale, qui s’arrêta en 1994 après Sonic et Knuckles et ainsi faire oublier aux plus anciens fans du hérisson, les pires égarements de la licence.

Et oui tu ne rêves pas, Sonic est de retour en 2D !
Sonic c’est plus fort que la Sonic Team
Sonic Mania est une petite merveille. Le jeu sort en face d’un énième et oubliable épisode 3D : Sonic Force, un jeu faisant l’apologie des shitty-friends génériques, un jeu accouché dans la douleur par cette ombre désincarnée qu’est la Sonic Team depuis le départ d’Yuji Naka. Pour Mania, le deal avec Sega est le suivant, Whitehead reprend une sélection savamment choisie de niveaux emblématiques des Sonic Megadrive, et en intègre d’autres originaux. Ces derniers sont plus ou moins inspirés de ce que la série avait pu proposer durant l’ère 16bit. Et le résultat en est époustouflant puisque Mania se hisse sans mal parmi les meilleurs épisodes de la franchise et sublime encore un peu plus le super Pixel-art d’époque mais sans jamais le trahir. Entre hommage et création originale, le jeu parvient à rappeler pourquoi Sonic c’était si bien en ramenant les mythiques Green Hill Zone, Lava Rief ou Oil Ocean pour ne citer qu’elles, tout en nous laissant entrevoir, qu’il est encore possible de créer l’avenir de Sonic en 2D avec des zones inédites réussies, colorées accompagnées d’une ribambelle de Boss dont certains iconiques.

Pas de doute, nous sommes bien dans Sonic !
Du contenu à la pelle
Au total ce sont 13 zones à découvrir, 12 officielles et une cachée qui ne se dévoilera qu’une fois en possession des émeraudes du chaos, à la manière du légendaire combo Sonic 3 et Knuckles. Un Sonic 3 et Knuckles qui sera le squelette même de ce Mania tant cette mouture de 2017 marche dans les pas de ses grands frères. On retrouve donc un nombre de niveaux conséquents avec toujours autant de verticalité dans la plateforme, les systèmes de sauvegarde, la zone finale cachée, le Sonic d’or, les bonus stages en 3D, où il faut récupérer les fameuses boules bleues, et bien sûr la possibilité de refaire le jeu avec plusieurs personnages différents. Le mimétisme ne s’arrête pas là, puisque Mania va jusqu’à proposer lui aussi quelques variations dans l’exploration des stages avec Knuckles. C’est donc 3 personnages jouables qui sont proposés dans le jeu de base : Sonic, Tales et Knuckles ainsi que deux de plus dans la version Sonic Mania +. Ces deux nouveaux héros : Ray et Mighty, ne sont pas si nouveaux que ça en réalité, puisqu’il s’agit des personnages issus du jeu d’arcade System 32 Sega Sonic the Hedgehog, et qui se jouait avec un track Ball. L’un peu planer, un peu comme Mario avec la plume dans Super Mario World, et l’autre résiste à certains pièges et peu frapper très fort au sol pendant un saut.

Le club des 5 !
Mania ou Sonic 3 & Knuckles ?
Mais si Sonic Mania est brillant, est-il au niveau de son modèle ? Pour faire simple, oui et non. Sonic Mania est construit à la louche, d’un gros tiers, d’éléments déjà vus, puisque des segments complets de zones d’époque, entrecroisent d’autres passages créés pour l’occasion ou inspirés plus librement d’anciennes zones de jeux moins connues, comme par exemple Sonic CD. Chaque zone dispose de deux actes. Dans le cas d’une zone reprise d’anciens épisodes, le premier acte est globalement conforme à la zone réutilisée d’époque, alors que le second amènera une refonte quasi inédite du level design. Par exemple dans Chemical Zone acte 1, on retrouve globalement la construction de la zone telle qu’elle est dans Sonic 2 et pour le second acte, Mania reprend les assets et l’univers coloré, tout en refabriquant un tableau inédit avec parfois, de nouvelles fonctionnalités de plateforme bien senties.
Néanmoins comme le jeu propose quand même une partie conséquente de tableaux inédits dans leurs ambiances et dans leur level design, la nouveauté de contenu est bien réelle. L’impression de jouer à quelque chose de connu ne se fait pas trop ressentir et c’est la véritable sensation de découvrir un nouvel opus de Sonic en 2D qui l’emporte. Le vrai Sonic 4 en quelque sorte ! Ce qu’on peut regretter par contre, c’est que Mania laisse de côté la folle quête des 14 émeraudes et donc du hyper Sonic allant au-dessus de la transformation dorée classique, et que sa zone cachée finale soit bien moins impressionnante que celle de Sonic 3 et Knuckles.

Sonic Mania, ça va vite, c’est beau et coloré. What Else ?
Chiptune et mélodie mythiques
La bande-son revisite les plus beaux moments des Sonic Megadrive, et c’est un pied total que de retrouver les mythiques Chemical Zone, Lava Reef, Hydrocity… Un peu comme pour le level design, musicalement le premier acte est fidèle aux sonorités 16 bits alors que le second propose un remix efficace du thème de chaque zone. Pour les zones inédites, ce sont des compositions totalement dans l’esprit d’époque avec un chip-tune qui sonne très Sonic et qui ne dénote jamais avec le style original.
The Rise and Fall of Sonic and the Emeralds from Mars
Concernant les stages spéciaux, ils vont piocher dans ceux de Sonic CD. On se retrouve ainsi dans une sorte d’effet Mode 7 à la Mario Kart, à courir après un U-F-O catcher sur un circuit. Au sol se trouvent des anneaux. Plus en vous ramassez, plus vous gagnerez des secondes permettant de rester en piste. L’autre élément à ramasser à terre, sont des boules colorées qui, une fois amassées font grimper une jauge vous permettant d’aller de plus en plus vite, et ainsi rattraper l’Ovni entrain de se faire la malle avec votre pierre précieuse. Et comme de coutume dans ce genre de stage, quelques pièges viennent parsemer le sol et vous compliquer la tâche.
Sur Megadrive, les Sonic avait également pour habitude de vous donner accès à des stages bonus quand vous passez un checkpoint. Mania ne fait pas exception, puisque chaque fois que le personnage va toucher une balise bleue avec plus de 50 anneaux sur lui, il sera transporter dans les anciens stages spéciaux de Sonic 3. Vous savez ces tableaux en 3D avec la ligne d’horizon arrondie, dans lesquels il fallait récolter suffisamment de boules bleues pour avoir accès à l’émeraude ? Et bien ils sont de retour et en force, puisque Mania en propose plusieurs dizaines, dont certains très complexes. Heureusement, ces stages n’ont aucune incidence pour débloquer la vraie fin du jeu et ne sont là que pour les plus téméraires, puisqu’ils servent à récolter de petites médailles donnant accès à quelques bonus dans les menus.

Les stages spéciaux utilisent un peu de 3D dans cette course aux OVNI