Quoi de mieux qu’une randonnée dans une forêt censée être hantée ? C’est ce que pensaient les étudiants du film le moins cher à produire de l’histoire et pourtant premier épisode très réussi, bien creepy, d’une série qui partit quelque peu en désuétude par la suite : Projet Blair Witch. On sait comment cela s’est fini ; ou plutôt non, on ne sait pas… Une cassette vidéo fut retrouvée et c’est tout. Cette fois-ci, c’est un petit garçon qui a disparu et nous allons aider aux recherches.
Une telle franchise entre les mains de la Bloober Team, comment dire ? On ne pouvait rêver mieux. J’étais hypé de chez hypé lorsque je l’appris. Il est temps de voir ce que nous a concocté le studio polonais, déjà maître d’œuvre de quelques classiques de l’horreur. Vous avez pensé à la lampe-torche ? Alors c’est le moment de nous enfoncer entre les arbres…
Promenons-nous dans les bois…
La forêt est un environnement parfait pour un scénario horrifique mais très dur à retranscrire correctement à l’écran. L’exercice est pourtant relevé ici avec brio. Très dense et lugubre, on se perd facilement et il va nous arriver de tourner en rond. L’endroit a bel et bien l’air hanté sans même avoir à rencontrer une quelconque sorcière cachée derrière chaque arbre. La forêt se suffit à elle-même pour faire frissonner le joueur. On a réellement l’estomac noué en fouillant les sous-bois à la recherche d’indices.
Tout de même, il faut dire que la présence de ce cher Bullet, notre compagnon à quatre pattes, amoindri un peu le malaise ressenti et fait du bien au moral. Bien que, lorsqu’il se met à grogner en fixant l’obscurité et que l’on s’attend à ce que quelque chose surgisse d’un moment à l’autre, c’est alors un grand moment de solitude malgré sa présence. Ma chienne Sally, qu’elle repose en paix, faisait ça parfois. Elle dressait soudainement la tête et fixait un point en grognant. Mais il n’y avait rien ! Je me demande encore ce qu’elle pouvait bien voir… Bref, je vous raconte ma vie mais pour en revenir au jeu tout en restant sur le sujet du chien, et bien il y’a un point que j’ai beaucoup apprécié et qui est que Bullet est personnalisable en début de partie : teinte de la robe, du collier et des yeux. Plutôt cool.
En tous les cas, et comme d’habitude avec la Bloober Team, c’est vraiment très beau. Très fin. Et le travail sonore est bien entendu du même acabit. Les frémissements de la forêt sont admirablement rendus. Les bruits du chien font aussi vraiment réel. Avec la vue à la première personne, on s’y croit et c’est génial. Une musique douce et étrange viendra souligner certains passages. Honnêtement, ambiance prenante garantie. Et je précise que je l’ai fait, trois fois, sur Switch et plongé dans le noir avec des écouteurs. Des moments mémorables…

Piquons ce qu’il nous faut dans les voitures des policiers déjà au boulot…

Et nous voilà partit…
…pendant que le loup n’y est pas…
La maniabilité est on ne peut plus simple et la prise en main rapide. Nous avons accès à un menu dédié aux ordres que l’on peut donner au chien. Celui-ci répond au doigt et à l’œil et est un vrai plus pour ce gameplay assez classique, hormis l’utilisation de la caméra mais je vais y venir. On peut même le féliciter en lui donnant un biscuit. C’est une idée rafraîchissante d’avoir incorporé Bullet à l’histoire et surtout à la mécanique de jeu, même si cela rassure parfois le joueur, ce qui n’est pas le but recherché dans un jeu de ce type.
Une autre très bonne idée est donc le caméscope VHS. Nous pouvons changer la réalité en l’utilisant. Le passage est bloqué par un arbre tombé ? Si nous trouvons une vidéo nous le montrant toujours debout, regardons la et mettons pause. Baissons notre caméra et l’arbre se dressera de nouveau devant nous. Avec ce système, nous pouvons même faire apparaître des objets servant à avancer dans l’aventure. Il faudra donc être très attentif en regardant les différentes cassettes trouvables un peu partout.
Nous aurons aussi notre précieuse lampe-torche et notre téléphone portable qui nous permettra, ou non, de discuter avec notre ex-femme qui se fait du souci pour nous ( mouais… ). Au tout début du jeu, nous « emprunterons » un talkie-walkie dans le coffre d’une voiture de police garée à l’orée de la forêt, utile pour participer à la battue. Tout cela donne un mélange d’originalité et de classicisme qui fonctionne parfaitement.
Allez, enfonçons-nous dans la forêt de Black Hills. Une chasse aux sorcières nous attend. Ou peut-être est-ce l’inverse ?

On a presque envie d’y être…

La forêt est superbe…
…si le loup y était, il nous mangerait !
Que du bonheur. Sérieusement, la Bloober Team et Blair Witch ? C’était le combo gagnant assuré. On ne pouvait que s’attendre à un scénario prenant et nous voilà servi.
Nous sommes Ellis Lynch, policier au repos ou, plus exactement, mis au placard après avoir accidentellement tué un jeune homme qui se trouvait être désarmé. Il se trouve que c’est le frère cadet du malheureux qui est perdu dans Black Hills, d’où notre implication toute particulière et notre envie de bien faire, même si nos collègues n’ont pas l’air ravis de nous savoir ici. Notre chef et notre ex-femme vont tâcher de nous dissuader de nous impliquer, rapport à notre santé. Vétéran de guerre quelque peu traumatisé plus la bavure que nous avons commise, ils nous pensent fragile mentalement et pas loin de péter les plombs. C’est même notre supérieur qui nous a offert Bullet comme coéquipier. Il fait autant office de compagnon que de thérapie. Malgré tout, nous n’allons écouter que notre conscience et nous mêler à la battue.
Les choses vont vite devenir effrayantes. Quel pur moment d’angoisse la première fois où Bullet se mit à aboyer puis à grogner furieusement et que je vis, pendouillant à une branche, l’horrible petite sculpture en branchettes que nous connaissons tous. Ces trucs me fichent une peur bleue ! Il est possible de les détruire et elle contiennent généralement quelque chose que je vous laisse le soin de découvrir. Ca me fait penser au temple des hérétiques d’Outlast 2 ou bien à Kholat. Outre ces horreurs, il y’aura des statuettes bizarres à dénicher. Avec les cassettes, ça fait pas mal de choses à rechercher.
Cette forêt est également pleine de mauvais esprits. Notre fidèle berger allemand aboiera comme un fou vers ceux-ci et il nous faudra les avoir dans le faisceau de notre lampe-torche pour les faire fuir. Flippant… Très rapidement, l’aura malfaisante de cet endroit va nous faire perdre quelque peu la raison et nous aurons le droit à moult réminiscences de notre passé de soldat. Il faudra résister et continuer à chercher des indices. Nous sommes là pour sauver un enfant.
Le scénario est bien amené et il nous faudra crapahuter pour découvrir tous les secrets que recèle cette forêt maudite. J’ai trouvé qu’il complétait bien ceux des films. A l’instar de Alien Isolation qui vient se greffer à la trilogie canonique avec une histoire tout à fait raccord au lore crée par Ridley Scott, ce Blair Witch version Bloober Team respecte totalement le concept lancé avec l’œuvre originale. Pour cela, chapeau bas.

Dans la forêt, dur de trouver du réseau…