Square Enix s’est associé au célèbre studio de développement « Team Ninja » afin de nous offrir une nouvelle perspective de la licence « Final Fantasy », un nouvel angle, une nouvelle approche sous l’égide d’un action-rpg tel que « Nioh ». Quoi de mieux que de parcourir les origines qui ont fait le succès de cette série avec un spin-off ayant pour protagoniste « Jack Garland » (rien que ça)? Le pari est-il réussi ?
Les parvenus de la lumière
Quand on comprend les véritables origines de notre héros, le scénario peut sembler bancal et même parfois dénué de sens : on ne comprend pas toujours l’objectif à atteindre mis à part celui d’éliminer Chaos. L’histoire commence assez rapidement et les enjeux passent clairement au second plan, ce qui peut grandement affecter votre perception du déroulement scénaristique ainsi que l’objectif premier. Ce qui est un comble pour un jeu sous licence « Final Fantasy » ! Il y a aussi trop peu de dialogues entre les protagonistes, on ne connaît pas vraiment leur histoire ni leur motivation et comment ils sont arrivés là afin d’aider Jack dans sa quête : ils sont là puis c’est tout ! Cela est trop pauvre en informations car on ne peut pas vraiment s’attacher à Jed, Néon, Ash ainsi que Sophia. La narration est mal construite, à force de voir « Chaos » partout on s’aperçoit en fait que « Chaos » n’est pas un antagoniste à proprement parler mais une conséquence de mauvais choix qui rend le monde de « Cornelia »…chaotique. Bien que le jeu s’ouvre sur une phase sombre et à l’image de ce qu’on se fait réellement de « Garland », le jeu est rempli sous-entendus sans aucun travail d’écriture : ce sont des zombies dénués d’âme et sans aucune personnalité.
Ne vous méprenez pas sur la narration, ce jeu est à des années lumière de ce que vous connaissez habituellement des « Final Fantasy » avec ces longs dialogues profonds (parfois philosophiques). Ici, il n’en est rien ! Malheureusement le soft de « Team Ninja » est une succession de niveaux depuis une world map avec de courtes cinématiques où votre équipe entre et sort des différents donjons. Pas de monde ouvert à explorer, le seul moyen d’en apprendre un peu plus sur l’histoire est de discuter avec le peu de PNJ présents sur la carte ou récupérer des items qui font référence à un journal de bord où sont notées des informations complémentaires.

On est loin de la qualité scénaristique d’un FF classique
Le gameplay sauve les meubles !
L’objectif de ce spin-off développé par le studio team Ninja était de se rapprocher de ce qu’il avait pu produire auparavant avec leur titre phare « Nioh » qui est une réussite à plusieurs niveaux. On peut dire qu’ils ont su reproduire les mécaniques connues de ce titre afin de les fusionner au traditionnel Rpg de Square Enix. Cependant pour garder et contenter un certain public aficionado des souls-like sans pour autant rebuter les novices, il est possible de choisir sa difficulté in-game et de pouvoir la changer selon votre bon vouloir (Flegme, Frénésie ou Furie). Un autre palier est disponible à la fin du jeu pour les plus téméraires d’entre vous, « Le mode Chaos » : les ennemis seront beaucoup plus puissants mais le butin aussi.
Un défaut majeur aussi qui peut-être perçu comme une hérésie pour un FF est l’impossibilité de contrôler l’ensemble des personnages présents : vous serez au contrôle de Jack uniquement et les autres protagonistes servent plutôt de faire-valoir et de soutien pour obtenir un peu de répit dans les phases un peu plus tendues comme les combats de boss. Le côté action du jeu est par contre une bonne chose, c’est nerveux et parfois vraiment stylé et le fait de pouvoir défoncer du monstre en temps réel ne fait que renforcer le plaisir. Fort heureusement la qualité du gameplay sauve les meubles et rattrape les nombreux manquements de cet opus. À force d’assaillir votre adversaire de coups basiques et de magies, vous pouvez briser sa jauge de rupture afin de lui porter le coup fatal, Jack a le pouvoir de transformer les monstres en cristaux rouges (le pouvoir de cristallisation) pour les faire exploser avec brutalité. Cette action vous permet notamment d’augmenter des PM (point magiques). Ne vous en privez donc pas, faites le plein pour les différents boss à affronter, votre héros dispose aussi d’une jauge de rupture et si elle se vide il devient vulnérable aux attaques. Certaines sont véritablement puissantes et peuvent vous mettre en danger rapidement. Il est aisé de perdre l’avantage des combats car les mécaniques d’esquives sont lentes, la frustration n’est jamais loin si vous tentez d’échapper à la mort et que les commandes sont longues à la détente. Jack dispose aussi d’une capacité spéciale super intéressante qui lui permet d’absorber et de renvoyer les sorts : « Egide Spirituelle », une technique unique mais à double tranchant car elle consomme votre barre de rupture.

La cristallisation est plutôt stylé

Une choix de taille pour les classes
Le point fort reste notamment le système de classes (ou jobs), élément essentiel de la série des « Final Fantasy » qu’on peut exploiter pour créer des combinaisons car oui Jack peut associer deux classes. Il est d’ailleurs le seul de vos personnages à maitriser cet aspect : Guerrier, Mage, Samouraï, Maraudeur, Voleur, Paladin etc. Ce n’est pas terminé car elles se répartissent en 3 catégories distinctes (basiques, supérieures, ultimes). En faisant progresser les arbres de compétences des jobs vous pourrez en débloquer d’autres plus puissants et switcher entre les deux ce qui est efficace et stratégiquement utile. Par exemple, une classe au càc comme berserker combinée à la classe de mage pour les combats à distance est une bonne façon d’appréhender le jeu plus sereinement. Les possibilités sont abondantes donc plaisantes à jouer, un petit plus qui permet d’oublier le level design (pardonnez-moi l’expression) « claqué au sol ». Sans parler d’un point extrêmement important : pas de niveau dans « Stranger of Paradise FF Origin », c’est votre level de classe qui détermine la puissance de votre personnage donc pas d’xp. Seul l’équipement compte et j’insiste sur ce point si vous aimez looter, c’est l’occasion de récolter un max d’armes ou d’armures qui finiront d’une manière ou d’une autre recyclées à la forge contre des matériaux pour renforcer les statistiques de votre stuff.
Stranger of design
Tant d‘annonces, tant de hype pour un résultat en bout de course et décevant. La cinématique d‘ouverture plutôt engageante laissait présager un avenir sous de bons auspices mais elle n‘était qu‘une illusion du grand chaos. Des graphismes datés qui donnent l‘impression d‘avoir fait un bond 10 ans en arrière, c’est inacceptable ! Ça manque cruellement de vie, de textures avec des personnages morts dont la vie a été aspirée par un succube…ce n‘est pas possible ! Tellement affligeant que les héros cachent leur honte par des accoutrements toujours changeants. Si seulement l‘incohérence s‘arrêtait là, les différentes interfaces et menu du jeu d‘un autre âge laissent leur marque indélébile dans la niaiserie… On ne sait plus faire la différence entre leur style vestimentaire qui se veut au départ contemporain puis fantaisiste. Je rappelle que nous sommes à l‘origine de la série loin des nouvelles technologies présente dans FFVII…par exemple c’est pas la Shinra quoi ! Ils se baladent tous tranquillement avec leur smartphone et écouteurs dernier cri comme s’ils avaient utilisé au préalable une Delorean histoire de se poser pépère loin du futur avant de revenir dans leur royaume. Malgré toute cette ombre qui plane au-dessus de SOPFFO, on retrouve tout de même le bestiaire culte de la série ainsi qu’un réarrangement musical qui fait plaisir aux oreilles, on passe son temps à chercher les références comme pour se raccrocher à un fil conducteur afin d’éviter de perdre pied dans tout ce bazar.

Un smartphone… Dans sa main… Really ?!