J’ai toujours vu les développeurs comme des explorateurs, de véritables Fernand de Magellan contemporains. Menant souvent, à l’aide de codes et d’idées le vaisseau de leur concept au-delà de notre imagination. Bon nombre en sont revenus pour nous enrichir, mais qu’en est-il de ceux qui n’ont rapporté aucun trésor ? Qu’en est-il de ceux qui ont dépassé l’ultime frontière et sont rentrés bredouilles ? Bum Simulator semble pouvoir répondre à cela.
Un script torché avec les doigts
C’est un adage aussi vieux que Michel Drucker : « On peut rire de tout… mais pas avec n’importe qui ». Si pour vous le second (voire le 1000ème) degré est une température, préparez-vous un bain de cortisone… Vous allez en faire des plaques…
Car oui, Bum simulator -tout comme son nom l’indique subtilement- est un jeu de simulation de sans-abris. Une simulation, servie par une intrigue qui dès les premières secondes pose le ton du jeu : Victime des expériences d’une entreprise toute puissante (Evil corp) vous voilà dépossédé d’une partie de votre cerveau (gnéééé, ndlr). Vous n’êtes pas le seul à avoir tout perdu, votre ami Carl a vu sa conscience transférée dans un… caddie. Il sera votre voix, votre inventaire et moyen de transport tout le long du jeu. Votre objectif sera donc de pénétrer chez Evil Corp afin de reprendre ce qui faisait de vous des hommes…
Mais ce n’est pas tout. Votre crew (les cafards) est en guerre contre le gang des bestioles, qui apprenant votre mésaventure ont décidé de re-conquérir les caniveaux de votre royaume. Car oui, vous êtes un chef, l’élu, vous êtes le Jarl des clodos. Tout au long du jeu vous serez amené à jongler entre différentes quêtes faisant progresser l’intrigue et des raids ponctuels sur votre QG.
Vous l’aurez compris, ce n’est pas du Hideo Kojima. Le jeu s’appuie à 100% sur les clichés et sur les premières heures c’est juste hilarant, on a du mal à croire que les types soient allés si loin sur certains détails.

Si vous avez la ref, ce jeu est fait pour vous.
DayB
Vous évoluerez sur une map à la taille relative, rappelant fortement celles d’un Tony Hawk’s de seconde zone. Sur ce point, le game design manque de créativité, même si là n’est pas l’essentiel du concept. Comme dans toute simulation de (sur)vie, il vous faudra gérer votre énergie, votre endurance, vous nourrir et boire. A chaque besoin sa solution : fouillez les poubelles pour dénicher de précieux sandwiches verts et autres boissons pouraves.
Vous êtes essoufflé, à cause d’une stamina pas assez élevée ? Vous pourrez vous déplacer à dos de Carl… euh, de caddie. Rassurez-vous, en montant en niveaux (oui oui, vous avez bien lu) ce problème sera vite réglé.

Vous disposez d’un arbre des compétences afin de faire de votre clodo le Khal de la déglingue.
Si vous avez des goûts de luxe, allez mendier avec un gobelet pour vous acheter une pizza. Les gens paient mal ? Utilisez un carton sur lequel vous pourrez laisser libre cours à votre esprit artistique et y apposer votre plus beau dessin. Sachant que votre œuvre sera soumise à une note (déterminant le montant que vous percevrez en faisant la manche), je vous conseille de mettre le paquet. A titre personnel j’estime bien dessiner, oui, je dessine bien, mais pas comme Tintin. J’ai donc placardé une illustration que l’on reproduit depuis tout petit avec mon frangin : un beau zboub et… Cela rapporte plutôt bien !
Une fois l’art de la subsistance acquis il vous faudra maîtriser celui de la construction.

Au fil du temps, vous récolterez assez de ressources pour faire de votre carton de base une véritable ZAC des clodos.
Pour vous protéger des éléments vous serez contraint de construire un abri. Un QG que vous serez amené à entretenir et améliorer avec un système de crafting à base de carton ou encore de brosses à chiottes. Au fil de votre progression, vous pourrez équiper votre base de divers agrès, vous prodiguant aluminium, cuivre, etc. Ces différents éléments de fabrication vous permettront de solidifier vos murs, de poser des pièges ou de recruter des clodos afin de faire tourner le tout.
Même si le système n’est pas très intuitif au début, on se prend assez au jeu et ça fonctionne. Néanmoins, vous risquerez d’être vite soulé tant le système de craft est gourmand en ressources. Vous passerez clairement des heures à chopper du carton pour un pauvre mur. Même si la map n’est pas énorme en soi, le pire sera de devoir la traverser en urgence car votre base est assaillie.

Une interface sommaire, à la gestion hasardeuse.
Drakapiss
Afin de regagner la confiance de vos frères et le respect de vos ennemis, vous disposerez de capacités exceptionnelles. Hormis le fait d’user de vos poings il faut savoir que vous êtes béni des dieux et bénéficiez d’un jet d’urine sans fin. Utilisable quand bon vous semble et sur qui vous le souhaitez (citoyens radins, ennemis au sol, police). Terrasser un gang ennemi et leur offrir une golden shower fait son petit effet. L’interaction avec l’environnement est là et chaque objet ramassé peut infliger des dégâts une fois lancé. Une opportunité de plus pour vivre d’absurdes situations.

Wet Da Police !
Mais quoi qu’on en dise, rien ne vaudra votre arme ultime : le pigeon. Car oui, comme dit plus haut en tant que clodo Alpha, vous contrôlez ces rats volants. On se croirait dans un film de Jim Jarmusch. De l’attaque basique appelée « Pigeon Shuriken » à la « Tornade » grand est votre pouvoir sur ces volatiles. Autant vous dire qu’une fois cet atout maîtrisé, vous roulerez littéralement sur le jeu.
Mention spéciale à la Fus-Doh-Beer, une binche vous permettant d’envoyer de redoutables rots à la mouille de vos ennemis.

Chaque petite nouveauté de gameplay sera introduite par ce genre d’animation, à base de PQ et de carton.
David Ghetto
Le terreau de base aurait pu nous faire espérer un jeu intelligemment stupide dans la veine d’un Goat simulator, mais non.
Lors de la phase de découverte du jeu vous irez de surprises en surprises, découvrant quelques pnj tous plus cramés les uns que les autres. Ces mêmes Pnj qui vous proposeront des quêtes annexes bien plus intéressantes que le fil rouge lui-même parfois. Mais arrive un moment où Bum Simulator perd de son intérêt, on comprend vite l’humour du truc et pour le joueur c’est plié. Vous enchaînerez dès lors un ensemble de missions répétitives pour avancer, espérant un dénouement épique. Passé une dizaines d’heures, on comprend que Bum simulator n’est qu’un pur défouloir à mi-chemin entre l’immoral et le pipi-caca. Mais au final ? Est-ce si mauvais ?

Durant votre aventure, vous serez amené à rencontrer des personnages hauts en couleurs. Une occasion de répandre un peu plus le chaos… Et l’urine.