Edward, ce n’est pas la création d’un univers. Non pas que nous puissions remettre en doute son sens de l’évolution et de l’émancipation. La diction posée, l’humour dosé : la famille ne cesse de grandir en même temps que l’ambition

Cependant, la galaxie n’est pas environnementale : Edward est indissociable de ce Cosmos. Une fusion infinie qui sera amenée, sans ambages ni doutes, à une certaine forme de l’absolu proche de l’éternité.

“Et voilà ! Encore une fois, place à la divagation ! Mais les petits amis du NBK, taisez-vous bon sang ! Vous êtes reporters, pas des narrateurs d’histoires alambiquées !”.

Effectivement, jeunes gens, comment vous donner tort. Néanmoins, si une rencontre se vit, elle ne peut faire l’objet d’un condensé presque injurieux envers vous. Ainsi, pour que le cœur d’un rendez-vous palpite, il est impératif qu’une brise défie la glace.

Et de nouveau, ce fut au détour des steppes étendues de la convention des Pixel Days que la magie décida d’opérer.

Edward aux mains d’la gent (pardonnez-nous !)

Les yeux baissés, le sourire en coin, nous sommes à la fois honteux et si fiers d’un jeu de mots certes douteux mais qui, voyez-vous, amorce le contexte. Nous sommes le samedi 23 avril et la convention bat son plein.
D’un côté, d’immenses étals blindés de Pop Culture. De l’autre, un regroupement de pointures du “YouTube Game”, où Edward et Charlotte n’ont que peu de temps pour se consacrer à l’événement tellement ils sont assaillis (avec bienveillance) par une foule robuste composée d’aficionados de leurs épopées vidéoludiques. 

En soi, comment parler de surprise ? Dans ce petit monde si étrange, ces sympathiques bardes du retrogaming nous évoquent leurs souvenirs. Point de passéisme réservé aux grognons et aux malandrins. Pas de cela ici !

Les pérégrinations d’Edward et Charlotte sont à 1000 lieues du pâle compte-rendu vidéoludique. Les sensations prédominent, d’où la juxtaposition des différentes temporalités des séquences narratives. C’est bien l’essentiel, la perception et la réminiscence étant 2 choses bien distinctes.

Charlotte aux frames

Mais cessons nos vagabondages ! Pendant que la face masculine du No Bloody Knows divague sur le volume 3 des Chroniques de Gunhed TV avec son auteur, le pendant féminin (en compagnie de notre Suprême Leader vénéré Noscox) se rend sur le stand d’Edward.

Le temps de laisser les regards se croiser et le rendez-vous est pris : l’interview est fixée au dimanche à 10H. La spontanéité de la réponse, positive, nous a laissés cois voire pantois.

Désormais, il ne tient qu’à nous d’écrire une belle page du jeu vidéo, ne serait-ce que pour vous décrire l’enchantement continu et mémorable de ces entrevues à la croisée des chemins.

Fidèle à ses principes, il est 10H15 lorsque votre duo arrive à la rencontre de nos 2 héros du jour. Les présentations sont finalement brèves, le temps pour le NBK de sortir plusieurs vannes foireuses qui, étrangement, sonnaient bien mieux dans les esprits la veille.

Loin du brouhaha global, l’éloignement aura été salvateur pour aborder les sujets que nous souhaitons développer. Et à l’instar des autres rencontres des Pixel Days, le format court fut retenu en raison de sa pertinence… Mais aussi du temps précieux déjà accordé ! Isa à l’enregistrement, JP à la parole : place à “Rétro Découverte” !

“Pourquoi la création de personnages ? Pour la Catharsis ?” – NBK

NBK: Eh bien allons-y, on peut commencer ! Merci d’être avec nous et cela nous fait plaisir de vous avoir en interview pour MEGA Force. De fait, entrons directement dans le vif du sujet : la chaîne d’Edward, c’est quoi ? 

Edward : C’est une chaîne qui s’intitule “Rétro Découverte” sur YouTube et qui parle de vieux jeux vidéos des années 80, 90…du début des années 2000 aussi. Et en gros, on raconte des histoires autour des jeux de notre enfance. C’est un véritable mélange entre fiction et jeu vidéo. Il y a aussi un petit côté JDG (Joueur Du Grenier, Ndlr) avec un peu moins d’humour mais avec toute une galerie de personnages qui parlent des jeux de leur enfance…

NBK: Du coup, pourquoi miser sur la création de personnages? Pour la catharsis? 

Edward: Parce que je crois que c’est une passion pour le cinéma et pour l’écriture qui font que je me sens beaucoup plus à l’aise pour raconter quelque chose avec des dialogues et des personnages. Donc c’est un truc qui est venu tout naturellement. 

NBK: Du coup, la création des personnages, ça se fait ensemble?  Il y a une partie de la personnalité de chacun ou alors on « triche » un petit peu ? Comment ça fonctionne?

Charlotte: Edward invente tous les personnages. Effectivement, en tant que comédiens et acteurs, on rajoute notre patte. Mais en soi de base, le personnage est créé. 

Moi par exemple, je joue le personnage de Charlotte, une « petite fille » qui est sympa mais un peu agaçante. Elle a toutes les réponses à tout. Et elle adore manger des gâteaux, elle bouffe tout le temps, tout le temps, tout le temps ! Et ça pour le coup, c’est une petite anecdote, c’est moi qui lui ai proposé. Je lui ai dit : ” Viens, pour Charlotte, on dit qu’elle mange toujours un paquet de gâteaux. Même quand elle doit avoir une récompense, c’est un paquet de gâteaux.” Et voilà, il a accepté et c’est “rentré” dans le personnage !

Edward: Ça caractérise le personnage et ça qui est très drôle.

“Le retrogaming, c’est quand même un public de niche” – Edward

NBK : Et donc comment vous vous appropriez ces personnages?

Edward : C’est entre les comédiens et moi. Eux pour l’interprétation et moi pour l’écriture. Au départ on tournait avec Charlotte qui n’est pas une comédienne à la base, elle travaillait plus dans le montage. Mais maintenant que la chaîne s’est professionnalisée, je travaille avec des comédiens de métier . Moi, j’écris un personnage, le comédien me propose quelque chose et on voit ensemble comment on arrive à trouver ce qui correspond le mieux à ce que j’avais en tête et ce que lui peut apporter en tant que comédien. C’est un travail collaboratif qui est super intéressant.

NBK:  Par rapport à l’évolution du concept : on voit qu’au commencement, le travail était effectué sur fond vert. Aujourd’hui, on constate plutôt des décors naturels. Pourquoi cette démarche ?

Edward: Cela s’est fait de manière assez naturelle et progressive au fil de l’avancée de la chaîne. Je trouve également que le fond vert était génial, ça paraissait un peu révolutionnaire dans les années 2000 et donc au début de YouTube. On disait : “ Ouah, c’est génial, Il y a des fonds magnifiques.” Aujourd’hui, je trouve que le fond vert, c’est très cheap ! C’est bon, tout le monde l’a utilisé, on l’a vu mille fois, et je trouve que rien ne remplacera jamais un décor naturel. Donc j’essaye de me passer totalement du fond vert, sauf quand il y a un petit effet spécial à faire. 

NBK: Et pourquoi le choix du retrogaming ? C’est un pari risqué et un sacré défi à relever, non ?

Edward: Oui et en plus, le retrogaming c’est quand même un public de niche. (il réfléchit) Le retrogaming…eh bien, tout simplement, c’est le truc qui me passionne. J’ai grandi avec un papa informaticien, donc avec un ordinateur et des jeux PC chez moi et deux grands frères qui avaient la NES, la Super NES ; des copains qui avaient la Mega Drive et tout ça. Donc j’ai baigné dedans dès mon enfance et c’était le sujet de prédilection pour moi sur Youtube, 

NBK : C’est vrai, on sent que vous avez une appétence pour Nintendo. Ce qui est bien entendu un très mauvais choix (rires) 

Edward: (en désignant Charlotte) Je crois que vous allez bien vous entendre ! (rires)

“Je ne sais pas comment me définir du coup… On va dire multigaming !” – Charlotte

NBK : En revanche, nous avons beaucoup entendu, depuis que nous sommes “un peu dans le milieu”,  qu’il y a pas mal de gens de notre âge qui nous disent « je suis de moins en moins un gamer ». C’est-à-dire qu’aujourd’hui ils font des émissions, ils travaillent sur le sujet mais ne jouent plus au jeux vidéos réellement. Est-ce que c’est le cas pour vous ?

Edward : Tu parles des animateurs d’émissions sur YouTube ?

NBK:  En général, mais aussi pour certains journalistes du milieu. Nous en avons beaucoup entendu parler !

Edward: Ah ? Moi, personnellement, pas du tout !

Charlotte : Moi, typiquement, je joue beaucoup aux jeux vidéo. Vraiment, je sais que j’ai beaucoup de copines qui ne sont pas “jeux vidéo” mais moi mon temps libre c’est : le jeu vidéo ! 

Mais peut-être que toi (elle regarde Edward), le moment où tu joues au jeu vidéo, ça reste pour le travail. 

Edward : Oui c’est devenu du travail, mais ça reste ma passion et je trouve ça bizarre de parler de jeux vidéos si tu ne joues pas . Mais je n’ai pas cette impression-là ! 

NBK: Peut-être que les gens ont l’impression de ne plus jouer vraiment mais de travailler en étant sur un jeu vidéo. Peut-être ! 

Edward : Alors à partir du moment où ça devient ton boulot, effectivement. Maintenant, quand je joue au jeu que je vais ensuite traiter dans un épisode, je considère que je suis en train de bosser. Ce sont des jeux qui ont entre 20 et 30 ans. Donc ça a vieilli. Tu ne t’éclates pas comme si tu jouais à un jeu comme un Elden Ring ou un Rocket League voire même un autre jeu actuel ! Voilà, c’est peut-être moins fun la super NES en 2022 donc je considère que c’est du boulot, ouais.

NBK : Charlotte, Edward en 2022 quel(le) joueur(joueuse) êtes- vous? 

Charlotte : Moi je suis une joueuse, je suis une grosse geek ! Déjà je joue sur la chaîne Twitch à des Point and Click que je découvre. Je joue également beaucoup sur mon temps libre à du Apex. Donc voilà, je ne sais pas comment me définir du coup… On va dire multigaming !

Edward : En fait, je joue beaucoup moins à des jeux actuels en ce moment vu que, comme on le disait, mon boulot, c’est le retrogaming. Sachant que j’ai beaucoup d’autres passions que le jeu vidéo. J’aime bien, quand j’ai du temps libre, faire autre chose que du jeu vidéo : regarder un film, une série, ouvrir des bouquins, faire autre chose. Et du coup, je joue un peu moins. D’ailleurs, même si je suis vraiment centré rétro, quand il y a un jeu actuel qui sort, qui me donne vraiment envie : je le fais ! 

« Professionnalisme… Ouais ça sonne bien !”- Edward

NBK : Il nous reste trois petites questions. Votre meilleur souvenir en tant que gamer?

Charlotte : Est ce que ça peut être un souvenir marquant, plutôt qu’un meilleur souvenir?

NBK : Oui bien sûr !

Charlotte : C’est peut-être même mon pire souvenir…

Mon pire souvenir c’est The Last of Us 2 . Non, j’ai joué et j’ai eu envie de poser la manette, de me dire « non, j’arrête le jeu ! ». 

NBK : Oui, nous comprenons pourquoi !

Edward: Attention au spoil ! (échange de sourires)

Charlotte : Oui, je ne vous dis pas quoi exactement ! Mais tout ça reste marquant.

Et sinon, mon meilleur souvenir ?  C’est peut-être quand j’étais petite et que je jouais à Crash Team Racing avec mon frère. En fait, je le battais et c’était en duel en écran scindé. Il me disait ”arrête de regarder mon écran !” alors qu’en fait je ne regardais pas ! C’était ma plus grande fierté de ne pas regarder et de le battre ! 

Edward : Moi, je vais dire Dark Souls. C’était il n’y a pas si longtemps. Or, on m’a toujours parlé de ces jeux. J’avais essayé une fois et je n’avais pas été « pris dedans » puisque je n’étais pas assez investi. Et puis comme tout le monde en parle et notamment des gens que j’estime beaucoup, je me suis lancé dans le premier Dark Souls et j’ai trouvé ça absolument fabuleux ! Et du coup, ça a été un très très grand souvenir, certes récent, qui m’a marqué.

NBK: Est-ce qu’il y a des concepts qui ne sont pas encore nés mais que vous voudriez explorer sur YouTube (ou sous un autre format) dans vos émissions ? 

Edward : Pas particulièrement, car si j’ai envie de faire quelque chose, je le fais. 

NBK :  Cela s’entend parfaitement ! Pour conclure, on va vous poser notre question favorite qui n’en est pas une en fait…

Le mot de la fin ?

(léger temps de pause)

Charlotte : Je veux dire… “professionnalisme”. Je trouve que cette interview… c’est très pro dans la façon de réagir et de rebondir sur des trucs qui n’étaient pas écrits, c’est bien !

Edward : Professionnalisme… Ouais ça sonne bien !

NBK (duo satisfait et gêné à la fois) : L’honneur est pour nous !

L’appel à l’Ed’

C’est sur cette phrase chaleureuse que s’est terminé cet entretien dont le plaisir fut intense. Certes, mille interrogations taquinent la curiosité de vos envoyés très spéciaux.

D’autres occasions le permettront éventuellement, un jour, si des vents favorables nous rapprochent à nouveau. Très dense, cette interview est un commencement pour le néophyte de la chaîne.

Le travail d’Edward et de ses comparses est une entrée en matière, une Delorean qui vous emmène vers une ère si proche et si lointaine à la fois. Comme si ces années folles n’étaient plus que des stigmates ayant survécu au bug de l’an 2000 qui, d’une certaine façon, est bien réel.

Quoi qu’il en soit, l’époque prolonge son existence à travers les soldats bienveillants du retrogaming.

En ressort une âme palpable et quasiment mythique qui nous accompagnera jusqu’à notre dernier souffle.

Vous êtes la Pop Culture.

Un immense merci à Charlotte et Edward pour leur gentillesse, leur temps et leur disponibilité.

Un remerciement spécial est adressé à Ryu Gaming et la Team Harpies sans qui rien n’aurait été possible.