Le lien entre Game Art et Sega a toujours été très fort. Alisia Dragoon, Grandia 1, Grandia 2, Lunar 1 et 2 et encore bien d’autres titres sont venus étoffer les ludothèques des consoles Sega au fil du temps. Cependant, la série Grandia, a toujours connu une existence parallèle sur les consoles Sony et a donc poursuivi son existence sur Playstation à la fin de la période où SEGA était constructeur de console. Alors que la compilation Grandia HD sortie sur Switch et PC ne propose que les deux premiers opus, la série Grandia compte en réalité bien plus d’épisodes que ça. À commencer par un spin off du nom de Grandia Xtreme, qui fut édité par Enix dès janvier 2002 et qui est sorti exclusivement sur Ps2. X Treme reprend le moteur du second et crée un rapprochement entre Game Art et Enix (déjà éditeur du 2 au Japon). Ceci étant, il n’y a qu’un pas à faire pour y voir l’amorce d’un nouveau projet commun avec Square Enix quelque temps après la fusion accomplie entre les deux géants du RPG. Ce projet c’est Grandia III !
Grandia III sort en août 2005 sur Playstation 2 et dès octobre, l’annonce d’un rachat de Game Arts par Gung-Ho est officialisé. Aujourd’hui, après quelques recherches sur les traces éventuelles d’une appartenance de Game Arts à la maison mère Square Enix, rien ne transparaît, alors que cette idée a longtemps perduré dans inconscient collectif des joueurs (moi y compris). Par contre Square Enix en tant qu’éditeur et investisseur Grandia III, conserve probablement la propriété intellectuelle du deux titre. Ce qui expliquerait donc la raison de son absence de la compilation éditée par Gung Ho.
Un RPG à la réalisation ambitieuse
Maintenant que ce point assez confus de l’histoire de Game Arts a été clarifié, parlons de Grandia III ! Premier constat, Square Enix a mis les moyens techniques pour offrir à Game Arts la possibilité de faire un RPG techniquement ambitieux et digne d’une fin de vie de Playstation 2. La réalisation globale est propre, la série quitte la vue de dessus pour un environnement full 3D de qualité avec une caméra placée derrière le personnage en vue à la 3e personne. Le rendu global est au niveau de ce que peut proposer l’éditeur en matière de RPG. La gestion de la lumière est même assez impressionnante par moments et tente quelques simulacres d’éclairages dynamiques qui font encore bien illusion aujourd’hui. Agrémenté de plusieurs cinématiques comme Square en a le secret, le jeu tient sur 2 DVD et la qualité graphique proposée au départ se maintient jusqu’au bout de l’aventure.

La gestion des lumières est vraiment soignée
Grandia III est donc un jeu qui a de beaux restes et qui n’a pas à rougir si on veut s’y replonger en 2022. (En émulateur il est au niveau de certains jeux Switch) par ailleurs, la direction artistique du jeu et la création de l’univers manque de folie. Bien que plus ancien, un titre comme Final Fantasy X restera plus marquant dans la construction et l’originalité des lieux présentés. Une partie des environnements de Grandia sont trop génériques et on aurait pu espérer retrouver un peu plus la folie du premier épisode.
La bande-son de Nobuteru Iwadare accompagne bien l’aventure et nous offre même quelques moments à l’ambiance très particulière et bien sentie, comme ce sound design construit autour du craquement du verre et du cristal, illustrant un monde parallèle entrain de se déliter.
Un scénario classique et un univers influencé par la Jap’anim
Comme de coutume, les Grandia naissent de l’inspiration des animés Japonais d’aventure et on retrouve une fois de plus l’inspiration Nadia le secret de l’eau bleu ( Gainax) ainsi que celui d’un animé plus récent : Last Exile sorti en 2003. Comme dans Last Exile dont certains plans de cinématiques de Grandia III s’inspirent, le jeu nous met dans la peau d’un jeune homme, amoureux des avions et qui rêve de devenir pilote. Sa jeune et jolie maman Miranda a élevé son fils Yuki dans le but d’en faire un sage petit potier. Mais Yuki n’a que faire de la volonté trop plan plan de sa mère et décide de s’envoler à bord d’un avion qu’il a conçu. Miranda n’étant pas dupe, elle finit par l’accompagner dans son entreprise. C’est alors que notre petite famille se voit percuter par l’engin volant d’une jeune femme en fuite. Cette fluette petite elfe blonde répondant au nom d’Alfina fuit les soldats que son frère a lancé à sa poursuite.

De nombreuses cinématiques réalisées avec soin ponctuent l’aventure
La jeune femme est une « communicator ». Élevée selon une tradition religieuse établie, elle a la possibilité d’échanger avec les gardiens ancestraux qui protègent l’équilibre du monde. Un équilibre bien fragile qui tend à se rompre suite à un ordre ecclésiastique ayant éclaté de l’intérieur. Ainsi Yuki et Miranda vont aider Alfina à dans un premier temps pondérer ses problèmes personnels et ensuite à devinez quoi ? Sauvez le monde… Bah oui RPG oblige !
Classique, le rythme de Grandia III conserve la linéarité de ses aînés et impose toujours l’arrivée et le départ des différents protagonistes de l’aventure. Une fois le premier quart du jeu écoulé, on ne peut que déplorer le départ définitif de ce qui était pourtant le meilleur personnage du casting dans le but de le remplacer par un bien plus insipide personnage. S’ensuivent quelques rebondissements mais aussi quelque temps morts. À mon sens le jeu fait 6 7 heures de trop. Le jeu propose malgré sa linéarité une exploration de la carte du monde et qui plus est en avion ! Une première pour un Grandia ! Hélas ce gimmick bien que plaisant n’aura pas grand intérêt au-delà de pouvoir retourner « farmer » des magies dans les anciennes zones puisque aucun contenu end game n’est proposé par le jeu.
Un système de jeu hérité de ses ainés
Enfin avant de passer à la conclusion, le dernier gros morceau, le gameplay ! De ce point de vue-là, Grandia III reste très fidèle à son ADN. Hormis l’inclinaison de la caméra, l’on retrouve le système d’arène de combat où vont se disputer des batailles rythmées par une roue d’action qui, par l’intermédiaire d’icônes se déplaçant tout autour, va donner l’ordre d’action de chacun. Cet ordre peut être modulé en interrompant votre adversaire avec une attaque lourde, ou une magie bien placée. Il est également possible de jouer sur les malus de combats, qui sont d’ailleurs presque trop présent, au point que ça en devienne parfois pénible. Cependant, toute la stratégie et le plaisir de Grandia est donc intact pour ce 3ième épisode un poil plus difficile que les 2 premiers. Quelques ajouts viennent d’ailleurs étoffer les duels, puisqu’il est maintenant possible de «Break » puis d’envoyer les ennemis en l’air pour les « comboter » à la manière d’un Marvel Vs Capcom. Quand c’est bien placé, c’est très grisant.
Concernant l’exploration et les autres phases de jeu, nous sommes dans le classique. Les environnements à explorer sont assez simples et les énigmes posent peu ou pas de résistance. Enfin, Grandia III amène un petit système de craft des équipements. Il est également possible de fabriquer et fusionner des magies contenues dans des œufs à ramasser ou à récupérer sur les ennemis. Bien utilisé, ce système vous amènes en fin de partie à récupérer les sorts les plus dévastateurs. Sorts particulièrement impressionnant de par leur réalisation visuelle et le tout sans un chargement !

Une fois l’orbe en haut à droite remplie, vous avez la possibilité d’envoyer une attaque dévastatrice avec le soutient du pouvoir des gardiens
Quelques planches de chara-design de Yoh Yoshinari :