Nous nous attaquons là à un sacrément gros morceau. Faites place au patron ! Réellement, Outlast premier du nom a chamboulé nombre de joueurs à sa sortie. Reprenant un concept déjà positivement éprouvé, le fait d’être complétement sans défense, les développeurs de chez Red Barrels l’ont poussé à son paroxysme. Comme pour tous les joueurs je pense, ma première run fut un délicieux cauchemar. Trouver tout au fond de soi le courage d’avancer pour avoir le fin mot de cette histoire n’est pas chose évidente. Outlast fait peur. Très peur même. Très, très, très peur. L’œuvre n’est clairement pas à mettre entre toutes les mains car nous allons y vivre une véritable plongée au cœur de l’effroi. De plus, cette magnifique édition Bundle of Terror embarque également le DLC Whistleblower qui réussit l’exploit de faire pire que le jeu de base, ce qui est un compliment. Mais êtes-vous prêt ?
Bienvenue à Mount Massive
Pas d’agent des S.T.A.R.S. ici. Aucun soldat d’élite. Juste nous, Miles Upshur, petit journaliste toujours à la recherche d’un scoop. Nous avons reçu un mail plus qu’étrange de la part d’un employé de la Murkoff Corporation. Apparemment, sous couvert de recherches scientifiques et de prendre soin de malades mentaux, il se passerait des choses « pas très catholiques » entre les murs de l’asile de Mount Massive. Dès notre arrivée devant les grilles du gigantesque bâtiment perdu dans les montagnes, nous nous rendons compte que quelque chose ne va pas. Des véhicules militaires sont garés à la « va que je te pousse » devant l’entrée principale pourtant clause. Pas un bruit, pas un patient ni un membre du corps hospitalier vaquant à ses occupations, rien… Hormis une silhouette apparaissant brièvement à une fenêtre et nous filant de suite les jetons. L’ambiance est posée. Et elle pèse des tonnes ! Mount Massive semble nous écraser de sa masse silencieuse. Le calme avant la tempête.
Le scénario de Outlast est vraiment très bon. Les développeurs le déroulent au travers de quelques cinématiques n’utilisant que le moteur du jeu mais joliment mises en scène, de dossiers trouvés ci et là et des notes que notre héros prend tout au long de l’aventure. Ce qui m’amène à la fonctionnalité principale qui se trouve être notre petite caméra. Outre le fait que celle-ci nous serve à voir dans le noir, mais j’y reviendrais en abordant le gameplay, elle nous permet également d’amasser des preuves. En filmant certains lieux, nous prenons des notes qui nous plongent encore plus profondément dans l’histoire. Elles relatent les états d’âmes de ce cher Miles, la peur qu’il ressent, son rapport à ces évènements horribles… Réellement, il est important de tout lire, dossiers et notes, pour bien comprendre les implications de ce qui se passe à Mount Massive. Et à quoi sert de se lancer dans un tel jeu si ce n’est pour s’y plonger corps et âme ? Je ne veux faire aucun spoil dans ces lignes mais sachez que le lore autour de Outlast est superbement travaillé. Sur fond d’expériences inhumaines menées sous l’égide de la Murkoff Corporation, de légendes anciennes parlant d’un être surnaturel nommé le Walrider et venant des profondeurs de la montagne, de folie contagieuse… les scénaristes ont pensé une intrigue très prenante. La psyché et l’histoire des personnages principaux, tous des ennemis, sont très travaillées. Le Père Martin qui nous manipule et nous ballade dans l’asile, Richard Trager qui aime couper les membres des gens tout en philosophant sur la religion, Chris Walker qui n’aura de cesse de nous chercher en nous appelant « petit cochon »… Mais il vous faut découvrir par vous-même ces modèles de chara-design, que ce soit sur le plan visuel ou psychologique. Dingue.
Il y’a tout de même un bémol, la perfection n’étant pas de ce monde (bien que là nous la touchons du doigt). Le « plan de jeu » se répète trop. Phase d’exploration sans grand danger, évènement faisant avancer le scénario, phase de traque avec l’un des grands méchants, exploration, évènement, traque, exploration, évènement, traque… Cela peut devenir un poil redondant. Mais pour en finir avec le scénario, celui-ci est très intéressant et tient le joueur en haleine. Les différents protagonistes ont tous de la profondeur. Le joueur s’attache à Miles au travers de ses notes et monologues. Red Barrels ont créé un véritable lore autour de leur série. Le deuxième opus est raccord et ajoute encore à cette bulle de malsanité, mais ça sera l’objet d’un autre test.
Folie créatrice
Les graphistes de chez Red Barrels sont vraiment bourrés de talent. Outlast est magnifiquement effrayant. L’asile de Mount Massive est superbement rendu. On s’y croirait. Caméra levée, cela fait encore plus réel avec l’affichage du timer, le niveau des piles, ect… La vision nocturne, qui est essentielle, passe par un filtre verdâtre auquel on se fait tout de suite. Les intérieurs sont soignés à l’extrême et très détaillés. Flaques de sang, corps sans vie, fenêtres brisées, tags sanglants sur les murs… Des évènements terribles ont eu lieu et cela se voit. L’asile étant immense, les lieux visités sont variés. Je n’oublierais jamais mon passage dans les égouts plongés dans le noir, moi-même immergé jusqu’à la taille et poursuivi par un monsieur pas gentil du tout. Moment incroyablement effrayant et également l’un de mes meilleurs souvenirs vidéoludiques. Il y’a aussi quelques passages en extérieur encore une fois extrêmement effrayants. C’est pour cela que j’aime tant ce type de jeux, les sensations ressenties sont tellement intenses. Lorsque nous nous retrouvons le cœur battant la chamade, l’estomac noué, les mains moites et tremblotantes, comme sortant d’un grand huit alors que nous sommes dans notre canapé… C’est tout bonnement génial et bluffant. De plus, la partie sonore en rajoute une couche avec des bruitages juste parfaits. Des cris et des lamentations résonnent au loin, un chuchotement furieux suintant la folie provient d’une cloison bien trop proche, des délires incompréhensibles de pauvres hères ayant perdu la raison tandis que nous passons à côté d’eux… L’ambiance sonore est glaçante.
Outre les décors, ce sont bien entendu les occupants de Mount Massive qui font que nous nous retrouvons terrorisés devant notre TV. Mon Dieu, ce character-design de folie ! C’est le cas de le dire. Honnêtement, j’ai tout de même trouvé que les patients lambdas, les Variants, se ressemblent un peu trop. Et qu’est-ce que c’est que ces combinaisons bizarres ? En même temps, beaucoup d’entre eux sont nus, normal, à l’instar de deux frères que nous croisons quelques fois et qui se demandent comment ils vont se répartir nos organes. Malsain. Mais ce qui importe dans Outlast se sont les personnages principaux et là, ça ne plaisante plus du tout. Même le Némésis de Resident Evil 3 fait pâle figure à côté. Là, nous sommes sur du sociopathe pur jus. Leur design est génial. Mention spéciale à Trager, avec son corps décharné et parsemé de tuyaux bizarres, ainsi qu’aux jumeaux tout nus. Le gros Chris est moins original, ayant le rôle du colosse, mais il est diablement bien fait. Je ne vous parle pas de tout le monde, préférant laisser planer le mystère sur certains protagonistes. Et lorsque l’on se dit que Red Barrels ont atteint la quintessence en terme de personnages malsains, de décors lugubres, de trouille manette en main… Ils sortent Whistleblower et tapent encore plus fort. Mais laissez-moi vous parler du gameplay juste parfait avant d’en venir au fameux DLC.
Aucune armoire ne mène à Narnia
Il est temps d’aborder le cœur de la série Outlast : son gameplay. Survivre à Mount Massive demande une attention de tous les instants. Mais n’ayez crainte, la peur gardera vos sens en éveil (j’aime la contradiction de cette phrase). Miles Upshur est journaliste et ne sait donc pas du tout se défendre. Sa seule chance de survivre se trouve dans la fuite. Bien que le jeu se veuille être une immense partie de cache-cache, n’espérez pas vous la jouer en mode infiltration tout du long, oh que non. Les courses-poursuites sont nombreuses et font grimper le stress à un niveau maximal. Il y’a des moments scripté où votre ennemi vous voit forcément et c’est alors partit pour une angoisse comme j’ai rarement ressenti tous jeux confondus. Déjà, sachez que la maniabilité est top. Rien à redire. Miles réagit au quart de tour à nos inputs et ses déplacements sont très fluide. Il même possible de regarder derrière soit tout en courant, ce qui est pratique pour être sur que notre ennemi ne nous voit pas nous faufiler dans une cachette. Celles-ci se trouvent disséminées un peu partout et il est très important, lors des phases d’exploration plus calmes, de bien retenir leurs emplacements. Pas le temps de tourner en rond lorsqu’un psychopathe en puissance en veut à notre intégrité physique. Selon le mode jeu sélectionné, nos poursuivants nous chercherons avec plus ou moins de méticulosité. Pour exemple, en difficulté normale, si il y’a deux armoires dans une pièce alors l’ennemi ouvrira toujours la mauvaise. Pour plus de réalisme, jouez donc en mode cauchemar sans attendre. Là, il ouvrira peut-être bien l’armoire où vous vous cachez. Et n’ayez pas peur de vous retrouver bloqué. Certains passages ardus seront un peu du « die and retry » mais à force ça finit toujours par passer. Si cela avait déjà été fait, le héros sans défense, dans des jeux tels que la série des Amnesia ou encore Dungeon Nightmares, le gameplay des Outlast peaufine le concept. Au contraire des titres cités, notre avatar est vif. Ce n’est pas Spider Man non plus, comprenez-moi bien, mais à aucun moment on ne peste contre sa lourdeur ou son manque de réactivité. Donc, une maniabilité réactive et instinctive. Top.
Pendant tout le jeu, hormis les documents, il n’y a qu’un seul item à dénicher : les sacro-saintes piles de notre caméra. Celles-ci nous servent à la vision nocturne. Je peux vous dire que chaque pile trouvée (du moins en mode cauchemar) est un soulagement immense. Pas de pile, pas de vision nocturne. L’horreur… Le noir est absolu dans certains endroits et sans notre caméra nous sommes totalement aveugle. Il s’agira donc d’utiliser notre vision nocturne avec parcimonie.
C’est donc d’un gameplay tout bonnement parfait que fait montre Outlast. Miles Upshur, si il ne sait pas se battre, est assez agile et agréable à diriger. Se faufiler de cachette en cachette, prêt à d’étaler si l’on nous voit. Avancer accroupi derrière des bureaux tandis qu’un malade traine dans le coin… Jouissif. Red Barrels ont tout compris en nous interdisant l’utilisation d’une quelconque arme. Cela plonge encore plus le joueur dans l’aventure et aide grandement à l’identification avec le héros. Je pense que la plupart des geeks comme moi tiennent plus d’un Miles Upshur que d’un Léon Kennedy, n’est-ce pas ? Encore un fois un superbe travail fourni par les développeurs.
Un casting d’enfer
Vous pensiez avoir tout vu ? Vous vous dites que ça y est, nous avons atteint la quintessence du survival-horror ? Que nenni ! Un an plus tard, Red Barrels remettent le couvert et parviennent à aller encore plus loin dans l’horreur. Chapeau. Le DLC Whistleblower est le prequel aux événements dépeints dans Outlast. Nous y jouons le rôle du lanceur d’alerte, Waylon Park, ayant envoyé le fameux mail qui fait venir notre cher Miles Upshur. Malheureusement, nous nous faisons alpaguer en train de violer toutes les closes de confidentialité. Les pontes de la Murkoff Corporation, après nous avoir fait tabasser, nous désignent alors comme volontaire pour être cobaye durant leurs expériences. Ils envoient même une lettre à notre femme dans laquelle ils soulignent le respect qu’ils ressentent face à notre dévouement pour la science. Les multinationales dans toute leur splendeur. Tandis que nous ne sommes pas loin de devenir fou comme les autres patients, suite à un traitement inhumain, les événements de Outlast premier du nom commencent. J’ai trouvé cela très cool de vivre notre aventure juste avant que Miles vive la sienne. Nous traversons donc quelques lieux connus. Ces scénarii qui se suivent, et se superposent à certains moments, font de Outlast et son DLC Whistleblower une œuvre dense et complète. C’est tout bonnement génial.
Mais ce qui est fou dans Whistleblower ce sont les fameux ennemis principaux. Mais quel charisme ! Ce moment inoubliable où nous faisons la rencontre de Frank Manera. Le monsieur a un appétit d’ogre et la scène est ancrée dans ma mémoire, mais je ne vous en dit pas plus. Et puis il y’a bien sûr Eddie Gluskin. Ah, Eddie… Le pire de tous. C’est peut-être bien le personnage de jeux-vidéos m’ayant fait le plus peur de part sa malsanité. Vraiment. L’homme tombe amoureux des autres patients à tour de rôle. Pour que son délire soit crédible, il leur coupe alors les parties génitales. Oui. Se faire poursuivre par Eddie tandis qu’il nous déclare sa flamme est un grand moment de jeu vidéo. Mais âmes sensibles s’abstenir. Le bon gros Chris Walker sera encore de la partie, avant d’aller s’occuper de Miles.
Bien qu’il soit plus court, normal pour un DLC me direz-vous, Whistleblower monte plus vite dans les tours. Ses quatre heures de jeu, environ, face à la dizaine de Outlast ne font pas pâle figure car elles sont beaucoup plus énergiques et fournies. Le joueur en ressort essoufflé. Vous l’aurez compris, le DLC Whistleblower est indispensable à qui a aimé Outlast. Il éclaire certains points du scénario et amène son lot de personnages que vous n’oublierez jamais. Garantie.