L’ennui avec une vitrine, c’est qu’elle se réduit à sa plus simple expression. Ainsi quand on parle de homebrew Megadrive, nous avons tendance à oublier les joyaux que sont Tänzer, Papi Commando ou encore Demons of Asteborg, pour ne citer qu’eux.
Ainsi, même si Paprium ou le plus récent The Cursed Knight ont tendance à rafler les suffrages, il ne faut point oublier que cette scène si particulière grandit de jour en jour.
Est-ce là le fruit de la douce nostalgie ? D’une volonté de rupture avec l’époque contemporaine ? Le goût du défi des programmeurs face à des machines d’antan ?
Peut-être que cela constitue un tout mais il est probable que d’autres motivations poussent les développeurs au challenge. De ce qu’il en est, il est désormais limpide qu’en ce qui concerne nos tricolores de Neofid Studios, le rêve était si beau qu’il en est devenu réel. Ne perdons que peu de temps finalement : en dépit de nos coutumes fidèles aux multiples divagations, le doute n’est plus permis. Même s’il reste quelques fâcheuses faces viciées, force est de reconnaître que Demons of Asteborg dispose de fabuleux atouts, qui plus est sur notre sublime 16-Bit de SEGA.
Une marque de savoir-faire, un zeste de coolitude et un amour incontournable pour les 90’s furent probablement les ingrédients de cette recette aromatisée et parfois franchement épicée.
Une nouvelle ère issue d’un temps qui semble si ancien qu’il nous rappelle à quel point notre robustesse est en berne.
Mais cessons nos gémissements, que diable ! L’heure est venue d’endosser notre armure rouillée afin de la rendre étincelante. Diablotins et autres incubes sont à nos portes : à nous de les déloger !
De quoi patienter avant Astebros, la prochaine itération des artistes…

La campagne…comme si !
Asteborg : her King
Ne nous écartons point du chemin sur lequel nous nous sommes engagés et soyons francs : si le pitch de Demons of Asteborg est plutôt convenu, la narration est tout bonnement épurée. A notre grande satisfaction ! Effectivement, le jeu reprend les codes de l’époque avec allégresse et ferveur sans se perdre dans des dialogues tous plus inintéressants les uns que les autres. La découverte des fleurs, le vent qui caresse les visages, le pouvoir de l’amitié…ici, on s’en fout !
Point de superflu, l’efficacité est de mise. Pourtant, l’introduction est loin d’être maigrelette et celle-ci nous plonge dans un climat plutôt sombre, sans tomber dans la dark fantasy de bas étage. Plutôt inspirées, les images constituant l’incipit du récit posent le contexte et le background du héros.

On y pense…mais non !
Bien sûr, nous n’enterrons pas les poncifs du genre entre le chevaleresque, la menace permanente contre l’Humanité, les anciennes Légendes et les guerres incessantes contre de sales bestioles.
Le cliquetis des armes légèrement interrompu, vous aurez droit à un conte basé sur des conversations avec d’autres personnages, même si vous parlerez surtout avec la même entité qui reconstitue le fil de l’histoire. Rien de transcendant en soi ; néanmoins, la magie opère avec brio ! Suivre l’épopée de Gareth est intéressant et celui-ci demeure sympathique au demeurant. Nous ressentons donc toute l’essence des scénar’ du passé avec cette douce sensation mélancolique. Du tout bon sur toute la ligne, Demons of Asteborg étant bienveillant avec les spleenétiques que nous sommes devenus.
D’autant plus que le jeu est traduit en 6 langues, dont la nôtre. Aucune excuse ne pourrait être valable pour passer à travers les mailles du filet !

Un truc à dire ???
Un choix par dévot
Si de multiples inspirations assaillent le titre, sachez que celui-ci dispose d’une personnalité qui lui est propre, esquivant l’aspect « fourre-tout » que nous étions en droit de craindre. Mais que nenni les lapichons ! Robuste, Demons of Asteborg enchaîne prouesse sur prouesse avec une réussite quasi insolente. De fait, le jeu est une véritable tartasse visuelle qui pousse la Megadrive dans ses retranchements. D’accord, nous concédons une vérité absolue : il est désormais possible de booster les performances grâce à des ajouts effectués aux cartouches. Et alors ?

Indispensable !
Cela fonctionne du tonnerre et Demons of Asteborg est beau à en crever, rien que ça. L’arrière-plan régale souvent la rétine pendant que le devant est enchanteur. Ne parlons même pas de ce choix des couleurs, absolument pertinent, et de la diversité des biomes présentés. La variété des stages est un vrai plus qui se moque de la lassitude. Bien sûr, le rendu sur un écran CRT est de loin le meilleur et le soft est fluide la plupart du temps…du moins sur MD. Sur Switch (notre seconde version testée et sujette aux captures d’écran, plus aisées), une légère sensation d’input ainsi que de framerate parfois fluctuant nous imposent d’apposer une rature.
Qu’importe finalement car l’aliboron est conçu pour notre bonne vieille console de SEGA et il n’y a pas à rechigner : il en a vraiment dans le bide. Sous la bannière du homebrew, Demons of Asteborg convainc sans frémir, ne serait-ce qu’un petit peu. On relèvera de temps à autre quelques erreurs de collisions, ou des hitboxes parfois permissives (aaaaah, ce passage des pics digne de TMNT sur Nes !) ; en outre, rien ne viendra vraiment troubler la fête en dépit de ces détails qui gêneront principalement quelques puristes qui auront aussitôt fait de s’en accommoder pour dompter la bête.

Le first…
Delà Demons (blague de géographe en devenir !)
Que dire de cette atmosphère sonore bon sang ?! Les bruitages sont percutants et, avec un peu de malice, nous reconnaissons parfois des similitudes avec d’autres jeux plus anciens, à l’instar du “son des ponts” semblables à certains accès de World of Illusion. Et que cela fait du bien ! Quelle joie d’avoir la sensation de parcourir une aventure qui ne s’obstine pas à se faire valoir telle une expérience réaliste mais qui s’assume pleinement en tant que jeu. Sans devoir briser le 4ème mur à vau-l’eau !
Et cette musique les amis, cette musique ! Hormis la piste concernant les Boss un poil en deçà, l’ensemble est un festin qui ose l’hétérogénéité. A l’heure du “tout orchestral”, il est appréciable d’entendre des compositions concordantes qui fusionnent parfaitement avec l’action de l’écran.

Un rappel ?
Pour schématiser, dans Demons of Asteborg, lorsque vous devrez ressentir le souffle épique, vous le ressentirez. A l’inverse, lorsque l’accalmie est la priorité, alors vous serez en pleine adéquation avec cet état d’esprit. Un coup de génie qui rend la pareille aux graphismes pour former un tout difficilement délogeable et qui tient la dragée (très) haute aux meilleures productions indépendantes. Oui, rien que ça !
Avant d’entrer dans le vif du sujet concernant le gameplay de Demons of Asteborg, attardons-nous sur le level-design. Si celui-ci laisse place à une certaine linéarité, il est suffisamment espiègle pour vous proposer quelques pièces cachées ou autres coffres difficilement atteignables sans un minimum de jugeote. Relativement bien construit si nous prenons l’offre telle qu’elle est, le jeu saura vous satisfaire, le trop-plein de complexité étant évincé. Toutefois, pour les adeptes de l’ouverture, la pilule sera probablement plus dure à avaler. Disons que cela pourrait se comparer à l’avant/après Symphony of the Night : tout est une question de point de vue !

Par choix ?
Asteborg de mer
Nous les voyons arriver ces petits filous qui nous diront que Demons of Asteborg est un mélange entre Castlevania, Ghouls’n Ghosts ou encore Mickey Mania. Après tout, il serait peu avisé de les contredire tant la production a été vendue en ce sens. Et il est vrai que, par intermittence, le mimétisme se ressent dans certaines phases. Pour faire court, le jeu se présente comme un plateformer/action en 2D où les pièges vous seront souvent fatals au premier passage, nécessitant un effort de mémorisation et un apprentissage dans l’exécution.
Cependant, l’œuvre se donne régulièrement la peine de ne pas trop abuser de la longueur des séquences nécessitant d’élever son skill, à l’opposé de ce qui se faisait trop souvent à une autre époque afin d’accroître la durée de vie. Attention, cela ne veut pas dire que tout se déroule parfaitement ! De puissants passages se révèlent un peu pénibles, surtout lorsque la logique est comprise et qu’il manque juste quelques pixels pour venir à bout des tracas.

Face to Face ?
Par chance, cela ne se produit pas trop régulièrement mais il est important de le souligner.
Concernant les sauts, il faudra être relativement précis et trouver rapidement la technique du jump prolongé en s’appuyant contre un mur. C’est un réflexe à prendre, tout comme celui d’appuyer sur “haut” lorsqu’il s’agit d’attraper une liane après s’être élancé, sous peine de tomber dans le vide. Car recommencer plusieurs fois le même col peut s’avérer décourageant pour les plus pressés d’entre nous. Élégamment, Demons of Asteborg n’a rien d’insurmontable même s’il faudra en baver plusieurs fois avant de trouver la synergie de la formule pour asseoir son autorité !

I’ll keep coming !
Asteborg : her line
Il y aura 2 éléments à prendre en compte pour triompher : accepter que le coup d’épée n’est pas directionnel, ce qui implique de gérer ses déplacements et anticiper afin de contrer les patterns des vilains. Et cela sera vital ! Malgré tout, il y aura toujours cette fichue tendance à se prendre des coups malgré toute la bonne volonté effective. Un angle un peu ravagé tant il devient le dogme sachant que la barre de vie peut vite se vider en un clin d’œil ! Coup de bol, la roulade est plutôt complaisante en ce qui concerne l’invulnérabilité.
De l’autre côté, vous aurez accès à une magie unique par niveau. Si cela perturbe au premier abord, tout devient logique à partir du moment où vous comprenez que tous les levels sont agencés selon la sorcellerie du moment. Rien à voir donc entre la flèche de départ, la poussée ou encore le contre qui arrivent bien plus tard. Nous vous laissons le plaisir de la découverte mais soyez assurés que tout s’imbrique avec justesse, jusque dans les combats de Boss.

Et ?
Ceux-ci sont d’ailleurs tous bien pensés, à l’exception d’un seul d’entre eux qui manque un peu de clarté et de visibilité. Ceci mis de côté, il va sans dire que le plaisir des affrontements est efficient, sachant que durant les stages vous serez parfois sous la contrainte de l’esquive en raison d’un manque de PV évident. D’ailleurs, dans les tableaux, vous ne trouverez pas grand-chose si ce n’est des fioles de vie, assez abondantes, et de magie, plutôt contextuelles car cette barre remonte seule, au fil du temps. Pour le reste, vous ramasserez majoritairement de l’argent à dépenser chez une marchande, vous imposant des choix. Allonger le combo, regagner des vies, renforcer sa jauge de PV : Demons of Asteborg est sans pitié de ce point de vue !

Oh les salauds !
Asteborg to be alive
C’est à ce moment précis où vous êtes en droit de vous demander si le jeu est fait pour vous. En un mot comme en cent : oui, Demons of Asteborg est calibré pour chaque joueur. Ainsi, il existe 3 modes de difficulté et il aura fallu ronger notre frein pour s’améliorer. C’est en cela que nous avons débuté par le mode “facile”, qui n’en porte que le nom, afin de progresser tant bien que mal. Plus permissif ce dernier favorise, grâce aux vies illimités et une générosité pécuniaire plus grande, l’avancée, les morts vous renvoyant juste aux checkpoints.
En normal, l’histoire n’est plus la même car après avoir épuisé votre crédit de vies, vous apprendrez à recommencer les niveaux. D’ailleurs, il ne sera pas rare de parcourir pour apprendre en premier lieu puis revenir pour réussir. En revanche, prenez en compte le fait que vous ne pourrez pas refaire les mondes après avoir terrassé les cohortes d’ennemis.

Soyons rieurs !
Cela n’empêche pas Demons of Asteborg d’atteindre aisément la barre des 5 heures pour une première partie. Mais finir le jeu n’est pas un réel accomplissement, tant vous chercherez par la suite à atteindre des records de temps par exemple ! Sans parler du défi du mode le plus élevé mais là, c’est une autre histoire.
Enfin, même si les animations ou autres mouvements impressionnent, nous ne saurons que trop vous conseiller de vous diriger, comme nous le disions, vers la version Megadrive. D’une, pour la superbe édition physique et de deux, pour éviter les tares de la transposition sur Switch, comme cette sensation de latence dans les contrôles. De plus, la cartouche dispose d’un confort “moderne”, comme un système de sauvegarde sur plusieurs slots, vous évitant de tout vous taper d’une traite. Pour ceux qui ne peuvent que passer vers Steam ou la dernière de Nintendo, vous découvrirez certes un excellent titre mais à des millénaires du “véritable” Demons of Asteborg.
Comme quoi les anciens ont toujours raison.
Suivez les commentaires
Les homebrews Megadrive sont incroyable certains valent largement les titres d’époque , et même les hacks sont dingue Ghouls’n Ghosts ARCADE EDITION est une refonte graphique du jeu et franchement on est proche de l’arcade même si il demande un travail titanesque je suis l’avancement du projet.
Oui c’est tout à fait exact !
Il y a un vrai engouement pour cette scène alternatif et fabuleuse.
Si vous voulez que le site propose plus de tests en ce sens, n’hésitez pas à nous faire signe ! ?
Vu l’affiliation a Mega Force sa semble cohérent de proposer les tests de nouveaux jeux sur les consoles Sega ^^