Le genre visual novel ou roman vidéoludique, bien que populaire au Japon, reste encore assez confidentiel dans le cœur des joueurs français. Avec Paranormasight : the seven mysteries of Honjo sur Switch, Square Enix tente d’embarquer les joueurs dans une aventure surnaturelle dans le Tokyo des années 80. Le pari d’embarquer le public français dans cette aventure est-il réussi ?

Les développeurs ont fait un travail de recherche très fourni !

Au début du jeu, le joueur est accueilli par un personnage appelé le narrateur ou storyteller. Ce dernier s’adressera directement au joueur en lui parlant de la mort, de la résurrection et lui demandera s’il avait la possibilité de redonner la vie à quelqu’un, est-ce qu’il le ferait et sous quelles conditions. Après cette brève introduction, le joueur se retrouvera dans la peau de Shogo Okiie, un jeune homme tokyoïte s’étant lié d’amitié depuis un mois avec une certaine Yoko Fukunaga, les deux partageant un intérêt commun pour le paranormal et l’ésotérisme.

Shogo et Yoko ont pour objectif d’en savoir plus sur le sort de résurrection et sur « les sept mystères de Honjo », lieu faisant partie de Sumida, un arrondissement de Tokyo. Le jeu commence en pleine nuit dans un parc public du quartier. Yoko nous explique qu’elle souhaite redonner vie à son animal décédé. Au cours de la nuit, Yoko trouvera subitement la mort ce qui poussera Shogo à en découvrir plus sur le rituel de résurrection afin de rendre la vie à cette dernière.

Rapidement on va apprendre que Shogo possède une pierre aux propriétés un peu particulières. En effet, cette dernière est capable de tuer des gens et d’absorber leurs âmes, une fois les âmes absorbées elles viendront remplir une jauge qui une fois pleine donne la possibilité de ressusciter quelqu’un. On apprend également qu’il existe d’autres pierres de la sorte mais que chacune a une manière différente de tuer les gens. L’une pouvant tuer une personne tournant le dos au porteur de la pierre, l’autre permet de tuer des gens en leur faisant entendre des voix qui ôteront leur vie. Vous découvrirez également que ces fameuses pierres sont liées aux « sept mystères de Honjo ». On appréciera le travail de recherche sur les mythes et légendes nippons réalisé par les développeurs !

Après avoir incarné Shogo vous aurez alors la possibilité de choisir de vivre l’histoire de trois autres personnages, tous ayant perdu une connaissance et tout en cherchant à ressusciter cette dernière. Vous pourrez par exemple prendre le rôle d’une lycéenne ou d’un policier… Au cours de votre aventure vous aurez la possibilité de vous rendre dans différents lieux de la ville et de mener votre enquête. Vous devrez par exemple récupérer un objet dans un des lieux qui vous permettra d’avancer dans un autre lieu, vous ferez également des rencontres inattendues humaines et non-humaines qui viendront faire évoluer l’histoire. En fonction des choix que vous ferez dans l’aventure, votre histoire pourra prendre plusieurs chemins et avoir plusieurs fins différentes. Les connexions entre les différents personnages à incarner pourront faire avancer l’histoire d’un autre personnage.

De la lecture ? Oui beaucoup !

Au niveau du système de jeu, votre mission principale sera de converser des liens avec différents protagonistes et d’enquêter dans les différents lieux afin de récolter des indices sur les causes des diverses morts, sur le rituel de résurrection et sur les « sept mystères de Honjo ». Pour cela, vous pourrez vous aider du menu du jeu qui référencera ce que vous savez sur les personnages rencontrés, sur les lieux visités et sur les objets trouvés. En fonction de vos choix de réponse, vous influerez sur la suite du jeu, sachant que certains choix pourront vos conduire tout droit à la mort. Vous serez alors accueilli par le narrateur qui vous donnera un indice pour vous aider avant de vous faire recommencer la séquence ratée. Vous aurez également la possibilité de refaire des séquences déjà terminées afin de faire de nouveaux choix qui donneront une issue différente à votre aventure !

Malgré les nombreuses possibilités scénaristiques le système de jeu peut paraître assez linéaire et répétitif, votre mission sera pour la plupart du temps liée à des conversations avec les PNJ.

Et la traduction dans notre langue alors ?

Certaines séquences sont particulièrement longues et peuvent s’avérer un peu ennuyeuses. A titre d’exemple, la première séquence avec Yoko dure environ une heure !

Une heure où vous passez la plus grande partie du temps à lire du texte dans un seul et unique lieu, ce qui paraît assez long et monotone sans compter que le jeu est complètement en anglais et si votre niveau de langue n’est pas terrible, l’effort de traduction des dialogues rendra le jeu particulièrement poussif. Il paraît étrange que Square Enix ne se soit pas donné la peine de traduire son jeu en français quand on sait à quel point l’absence de traduction peut fortement limiter le succès d’un jeu, Shenmue étant le meilleur exemple. Peut-être que l’entreprise n’était pas suffisamment assurée du succès du Paranormasight pour donner un budget et du temps à la traduction de ce dernier. De même, on peut quand-même déplorer l’absence de doublage des personnages qui aurait vraiment rendu le jeu plus immersif et aurait permis d’éviter cet aspect jeu pour smartphone que l’on ressent au cours de la partie et cela même si les doublages avaient été réalisés en japonais.

De très belles images… pour une animation trop timide !

En ce qui concerne l’aspect technique du jeu, on peut saluer la direction artistique qui réussit à immerger le joueur dans l’ambiance nocturne angoissante de Tokyo du siècle dernier.

Néanmoins le jeu se contente de présenter au joueur des images fixes et des personnages dont seule la bouche bouge, ce qui renforce l’aspect lent et redondant du jeu. Ces choix de réalisation plairont sûrement aux fans de mangas mais pas forcément aux amateurs d’animés qui seront certainement gênés par une animation trop timide. Au niveau de l’épouvante et des frayeurs, certains passages et certaines apparitions pourront surprendre le joueur sans pour autant l’effrayer plus que ça.

La jouabilité est quant à elle assez basique, comme dans un point ‘n’ click vous devrez cliquer sur ce qui vous intéresse, un lieu, un objet ou une personne. L’écran tactile de la Switch est parfaitement adapté à ce genre de jeu. Vous aurez également la possibilité de tuer des gens en appuyant sur ZL lorsque le jeu vous le proposera.

L’ambiance sonore est l’un des points forts du jeu, les compositions sont parfaitement immersives et bien senties rivalisant avec les meilleures musiques de films d’horreur. Elles renforcent le côté angoissant du jeu.

La durée de vie est quant à elle tout à fait honorable pour un jeu de ce type : en effet, il vous faudra une dizaine d’heures pour venir à bout du titre.