Avouons-le : quand on évoque un remake et/ou un remaster, il y a de quoi se montrer insensible voire pingre. Cependant, Zool fait partie d’une histoire qui peut sembler obscure pour les plus jeunes lapichons et le revisiter semble constituer une évidence. Classique de l’Amiga et dans une moindre mesure de l’Atari, le jeu est une sorte de riposte du monde du micro-ordinateur face aux facétieuses consoles afin de tenir la dragée haute aux mastodontes de l’époque, Sonic en tête ! Si les portages sur les machines de SEGA et de Nintendo suivront, la mémoire collective gardera volontiers le support d’origine comme porte-étendard. Les qualités furent presque unanimement reconnues et Zool s’imposa rapidement comme un must-have, sorte d’expérience indispensable pour celles et ceux qui envisagent de parfaire encore et toujours leur(s) connaissance(s) vidéoludique(s). 30 piges plus tard, il fallait donc trouver le moyen de faire ressurgir la magie tout en conservant l’esprit initial. Cependant, le défi est de taille car il s’en est passé des choses en 3 décennies ! Ainsi, la scène indépendante a complètement redistribué les cartes en améliorant une formule déjà particulièrement efficace. C’est donc en revisitant le mythe que le titre se voit affublé d’un sobre “Redimensioned” qui, in fine, porte plutôt bien son sobriquet comme nous allons le constater dans ce test. Tels des ninjas en action, bondissons dans le passé tout en assumant les évolutions liées à notre époque !

En avant la musique (oui, c’est nul) !
Zool : baie qui s’tend
Démarrons par la question susceptible de vous brûler les lèvres : oui ce Zool à la sauce « new age » parvient à réunir les générations non sans quelques maladresses. Mais rien de rédhibitoire ! Évinçons l’inutile : en pur plateformer, Zool ne s’encombre pas d’un scénario colossal, misant véritablement sur son univers, diablement efficace et hétérogène ! Et pourtant, sans rebrancher les jeux “made in 90’s”, le lissage ne saute pas aux yeux. Les couleurs sont toujours aussi pétaradantes et il est compliqué de différencier les pixels de 2023 avec ceux d’avant. Pourtant, en posant son groin plus près de l’écran, on comprend vite que le changement est subtil et à quel point la Direction Artistique d’antan était avant-gardiste !
Sans sombrer dans la plate formule dithyrambique, Zool dispose d’un monde qui mettra toute la communauté d’accord. Cela est dû à une diversité qui n’empêche pas les créateurs d’être cohérents dans leurs choix esthétiques et ce durant la totalité de l’aventure. Du stage des bonbons, de la musique, des jouets ou encore celui du garage (notre favori), tout fonctionne à merveille pour notre plus grand plaisir. D’ailleurs, le level-design est dans son ensemble prodigieux, proposant une verticalité admirable et plusieurs chemins, ce qui est essentiel dans un des modes du jeu (mais nous y reviendrons). Le filtre CRT offre une certaine dose de nostalgie mais autant l’avouer, il reste bien anecdotique. Enfin, l’écran est bien chargé sans que cela ne provoque de ralentissements.

L’intérêt du jeu résumé en une image.
Et lorsque nous parlons de modifications discrètes, la caméra entre en scène ! Légèrement reculée, ce qui implique fatalement une réduction des sprites, celle-ci offre une meilleure visibilité et un plus grand confort de jeu vous permettant de mieux anticiper, ce qui est appréciable lorsqu’on connaît la vitesse du soft. Oui, dans Zool tout va très vite et revenir (dans les options) à la vue d’origine nous démontre combien le remaniement de celle-ci est une véritable bénédiction pour apprécier l’épopée sans être trop frustré par les morts un peu idiotes, sachant que cela arrive relativement régulièrement.
Ajoutez à cela une OST dynamique et franchement prenante en plus de bruitages pertinents en dépit de leur relative discrétion et vous obtenez un tout vraiment racé et bon enfant !

Point de vue artistique, tout fonctionne !
Partir à Zool sans retour (air d’une autre époque)
En revanche, il faudra vous familiariser avec l’inertie assez particulière même si elle représente l’ADN de Zool. Vous ne pourrez donc pas “piler net” car votre personnage continue de courir après avoir tenté de l’arrêter. De surcroît, la gestion des sauts demande un temps d’adaptation et, hélas, la précision prend parfois un rude coup dans les gencives. Par bonheur, la prod’ ne vous impose que très rarement des plateformes trop étroites, même si cela arrive .
Il faudra aussi supporter le recul inhérent à chaque coup infligé, ce qui vous enverra souvent dans des situations périlleuses même si Zool évite les zones de vide, symboles de game over après un jump foiré. Tant mieux car le jeu sera susceptible de vous faire péter les plombs à l’occasion en raison de frames d’invincibilité très basses. Concrètement, il faut être touché 5 fois pour perdre une vie. Large ? Pas vraiment car il suffit que vous soyez envoyé vers un item hostile et tout fondra comme neige au soleil, sous vos yeux ébahis et dans le flot d’une colère certaine.

Certes c’est chargé mais ça reste lisible.
On pourrait vite penser que le protagoniste devient rapidement incontrôlable car, comme nous l’évoquions plus en amont, tout se déroule vraiment rapidement durant les 4 levels qui composent à chaque fois un stage complet. Il faudra vraiment bien comprendre le principe pour ne pas passer son temps à tirer à côté des ennemis et sauter à côté de la plaque. Heureusement, pas d’input lag à l’horizon et au prix de réflexes exigeants et d’un timing à bien doser, vous devriez vous en sortir correctement malgré quelques loupés.

Un boss qui demande un poil de précision !
Un morceau de Zool Machine
En parlant de vos adversaires, il faut bien admettre que le bestiaire est sensationnel quand bien même vous maudirez ces viles abeilles ou encore ces ballons démoniaques ! Les boss ne sont par ailleurs pas en reste. Certes, ils ne disposent pas, du moins pour les premiers, d’un grand nombre de patterns mais cela ne gêne pas outre mesure. La difficulté est suffisante sans être hallucinante et quelques tentatives suffisent généralement à leur faire mordre la poussière. Les checkpoints sont abondants et perdre une vie revient à ne recommencer que le level.
Toutefois, votre expérience de votre personnalisation de l’aventure pourrait tout plomber. Soyons clairs : nous ne comprenons clairement pas en quoi être invincible ou les sauts infinis représentent une plus-value mais soit, partons du principe que cela permet une approche plus simplifiée avant de s’attaquer au véritable défi. Pour autant, là n’est pas le principal puisque Zool Redimensioned vous propose d’être appréhendé en….Redimensioned justement ou en Ultimate Ninja. Et autant se l’avouer : mais bon sang, ça n’a rien à voir !

A ce moment-là, on se dit que « ça va encore » !
On pourrait reprocher à la nouvelle version d’être trop facile, en permettant le double-saut et en ne vous obligeant pas à ramasser un nombre d’objets suffisants pour terminer le niveau, condition sine qua non pour l’option Ultimate Ninja. Et mine de rien, cela change tout, notamment pour l’exploration et la prise de risque inhérente à celle-ci mais il est évident que Redimensioned s’adresse, comme le jeu vous l’indique lui-même, pour le speedrunning ou pour une première approche. L’autre possibilité est bien plus circonvoisine de l’esprit “so eighties” tout en mettant beaucoup plus en valeur les tares de Zool.

Un conseil : ne touchez à rien !
Zool comme un cochon
C’est là tout le paradoxe de cette relecture qui n’en est pas vraiment une ! Les concessions faites rendent Zool trop évident alors que la version Ultimate Ninja est parfois un peu trop corsée, et ce à cause des défauts précités. Malgré tout, cette difficulté est l’essence même de l’œuvre ; de facto, rendre l’ensemble plus accessible constitue plutôt un effet placebo si l’on ne cherche pas à creuser un tant soit peu les fonctionnalités à dispo.
Bref ! Zool coche toutes les cases du plateformer avec ses bonifications indispensables, à l’instar de la bombe qui explose tous les ennemis présents à l’écran ou le doppelganger qui double votre capacité de tir. La glissade est aussi sympathique sans se montrer incontournable, excepté lors des phases où elle est obligatoire. Peu de mouvements à se mettre sous la dent vous diriez-vous mais cela fait amplement le café et voir votre ninja s’accrocher aux murs pour prendre de la hauteur fluidifie l’action, procurant une sensation de promptitude qui fait quelque peu oublier le déficit de précision.

Sûrement le niveau le plus inventif de Zool.
Enfin, et c’est probablement la principale contradiction, le jeu ne parvient pas toujours à respecter son objectif ! Si Zool Redimensioned est actuellement la mouture la plus accessible et la plus agréable, permettant de faire revivre la légende pour tous les spéléologues du jeu vidéo, il ne propose aucun bonus permettant de percer les secrets ou de retracer l’historique du développement. Rien, nada, peanuts. Alors que nous aurions signé des 2 mains ne serait-ce que pour quelques artworks ou anecdotes des personnes ayant élaboré les fondations de la production, sachant que plusieurs d’entre elles sont impliquées dans ce « revival »…
Dommage car pour les aficionados du scoring, Zool Redimensioned représente une bénédiction ! Évidemment, l’essai souffre de la comparaison avec la nouvelle vague déployée par l’indie, bien plus à l’aise dans la maîtrise de ses mécaniques. En outre, il est essentiel de découvrir le passé pour apprécier le présent. Et si la licence pouvait de nouveau être un élément du paysage vidéoludique, nous serions plus que comblés !
Refaire oui. Mais pour mieux construire l’avenir…
1 Commentaire
Encore un test aux petits oignons comme je les aime. Effectivement l’original semble avoir été respecté avec quelques petites nouveautés discrètes ou parfois utile (comme le’placement de la caméra). Mention spéciale pour la référence 2 B 3’ esque LoL j’ai ri comme fou !